Je viens de recevoir votre dernière par les mains de monsieur votre frère, je vous remercie de l’affection que vous avez pour moi et pour mon fils Charles ; peut-être que quelque jour il aura l’occasion de vous aller voir à Lyon. Je n’ai point besoin du catalogue de la foire de Francfort, [2] on y met trop de faussetés. J’aime mieux avoir un livre nouvellement imprimé à Genève chez MM. de Tournes [3] in‑4o, Io. Dallæi de Scriptis Dionysii, etc. [1][4][5][6] C’est un ouvrage plein de doctrine et qui réfutera beaucoup d’erreurs de l’ancienne histoire ecclésiastique, laquelle contient aussi bien des faussetés. Le P. Théophile [7] ne se vend point ici, on en allègue pour raison que l’on en refait plusieurs cartons à Lyon. Ils n’en vaudront pas mieux, c’est châtrer un auteur après sa mort ; à force de trop attendre, j’en ai passé mon envie qui peut-être ne reviendra plus, non eadem est ætas, non mens, sed tempus acerbum, [2][8][9] avec grande apparence et appréhension de pis.
Les Hollandais sont allés braver les Anglais jusque dans leurs ports, [10] comme ceux-ci étaient venus jusqu’au Texel. [3][11] Le roi de Danemark [12] est résolu d’envoyer un ambassadeur en Hollande et à Paris ; on dit que ce serait le même qui était ici il y a trois ans, savoir M. Hannibal Sehested. [13] Apparemment, ce roi voudrait procurer quelque accord entre les Anglais et les Hollandais. [4] Cet ambassadeur était fort agréable à notre roi, [14] il me témoignait beaucoup d’affection, mais il me paya trop mal ; à cela près, il était excellent homme et grand personnage. La plupart de nos malades n’entendent point leur devoir du côté des grâces qu’ils doivent à un médecin. Je vous baise les mains et suis de toute mon âme votre, etc.
De Paris, ce 30e d’octobre 1665.
"Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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