Je connais bien ces Aphorismes [2] d’Olivier Popardus, [3] médecin de La Rochelle, [4] dont vous me parlez, mais je ne sais rien de l’auteur. [1] Pour ce Rodolphe Le Maître, [5] je l’ai vu et connu, c’était un homme d’une humeur fort douce, natif de Tonnerre [6] en Champagne. Il est mort, médecin de Gaston feu duc d’Orléans, [7] environ l’an 1630. Il avait un frère nommé Paul Le Maître, qui avait été bien plus habile. [2] Après ce Rodolphe, votre M. Delorme [8][9] fut médecin du duc d’Orléans, mais il n’y demeura guère. M. Brunier [10][11] lui succéda, qui est mort à Paris depuis peu, âgé de 92 ans. C’est beaucoup vivre pour un homme qui a autant bu de vin que lui. Nous n’avons pas eu d’autre médecin de notre Faculté qui portât ce nom de Le Maître depuis 300 ans, mais il y a eu un premier président Le Maître [12][13] au Parlement de Paris du temps de Henri ii et de Fernel. [14] M. le président Le Maître [15] de la quatrième Chambre des enquêtes en est descendu. [3] Je suis, etc.
De Paris, ce 1er octobre 1666.
Du Four (édition princeps, 1683), no cxlix (pages 418‑419) ; Bulderen, no ccccxvii (tome iii, page 185) ; même remarque sur mon choix du destinataire, Charles Spon, que pour la précédente (no877).
Hippocratis Aphorismi, ordine quam antea meliore compositi et latini facti. Per Oliverum Popardum medicum. Ad Nobilem Ianum Petræum, Consiliarium urbis Rochellanæ, illiusque Diocœseos regium suppræfectum.
[Aphorismes d’Hippocrate, arrangés selon un ordre meilleur que par le passé et traduits en latin. Par Oliverus Popardus, médecin. {a} Dédié au noble Janus Petræus, conseiller de la ville de La Rochelle et prevôt royal de ce diocèse]. {b}
- Olivier Popard, natif de Saint-Maixent, sans doute docteur en médecin de la Faculté de Poitiers, a aussi publié l’année suivante (ibid. et ibid. in‑12 de 324 pages) Cl. Galeni Pergameni de Methodo medendi libri quatuordecim in compendium coacti [Abrégé des 14 livres de la Méthode pour remédier de Cl. Galien de Pergame] (Bibliothèques françaises de La Croix du Maine…, Paris, 1773, tome sixième, page 184, et livre 1, page 502, de Scriptis medicis [sur les Écrits médicaux], de Johannes Antonides Vander Linden, Amsterdam, 1662).
- La Rochelle, Petrus Haultinus, 1580, in‑8o de 60 pages.
Selon Éloy, Rodolphe Le Maître (Le Maistre, Rodolphus Magister), premier médecin de Gaston d’Orléans, avait accompagné ce prince dans son voyage de Lorraine où sévissait alors la peste. Cela l’engagea à faire imprimer à Pont-à-Mousson (G. Bernard, 1631, in‑12), une nouvelle édition de son :
Préservatif des fièvres malignes de ce temps. {a} par Rodolphe Le Maistre conseiller médecin ordinaire du roi et premier médecin des enfants de France. {b}
- Revue des remèdes internes et externes de la peste, inspirés par les médecins de l’Antiquité.
- Paris, veuve d’Abel l’Angelier, 1616, in‑12 de 93 pages.
N’ayant pas tardé à s’apercevoir que la peste de Lorraine avait un caractère différent de celle contre laquelle il avait écrit son Préservatif, Le Maître donna un nouvel ouvrage, Conseils préservatifs et curatifs contre la peste, plus contre les piqûres venimeuses et les poisons… (Épinal, 1631, in‑12).
Guy Patin parlait sans doute ici de Le Maître à cause de la :
Doctrina Hippocratis. Aphorismi : nova interpretatione ac methodo exornati. Leges medicinæ. Arcana iudicia. Limites hum. partus. Patrocinium. Autore Rodolpho Magistro, Regis Consiliario, et Regiorum Franciæ Liberorum Archiatro. [Doctrine d’Hippocrate. Aphorismes parés d’une nouvelle traduction et présentation. Lois de la médecine. Jugements secrets. Chemins de l’accouchement humain. Défense. {a} Par Rodolphe Le Maître, conseiller du roi et archiatre des enfants royaux de France]. {b}
- Hormis les Aphorismes (présentés en grec et en latin), ces textes n’appartiennent pas au corpus hippocratique conventionnel.
- Paris, Sebastianus Cramoisy, 1613, in‑12 de 429 pages.
Ni Rodolphe ni son frère Paul ne figurent dans le catalogue des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris établi par Baron. V. note [41], lettre 523, pour un Le Maistre de prénom incertain, que Patin disait « fort savant et merveilleusement éveillé », mais qui a échoué au baccalauréat de médecine de Paris en 1658.
Gilles Le Maître (mort en 1562), seigneur de Cincehour, fut avocat puis avocat général et enfin, élevé par Henri ii à la dignité de premier président du Parlement de Paris en 1551 (Popoff, no 26). Jérôme Le Maître, seigneur de Bellejamme, reçu en 1646 conseiller au Parlement en la quatrième des Enquêtes, puis président de cette même Chambre en 1656, était l’arrière-petit-fils de Pierre Le Maître, frère cadet de Gilles, le premier président. Il mourut de la petite vérole le 21 décembre 1669 (Popoff, no 116, et note [8], lettre 974).
Gaston d’Orléans n’avait plus besoin d’archiatre depuis son décès en 1660. V. notes [12], lettre 528, pour Charles Delorme, mort en 1678, et [14], lettre 246, pour Abel Brunier, mort en 1665. Pierre Gatulle a détaillé ce qui est connu de ces deux médecins et de Rodolphe Le Maistre au service de Monsieur dans son article intitulé L’estime et la dignité : parcours et mécanismes de la reconnaissance des médecins de Gaston d’Orléans (Actes du 134e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Célèbres ou obscurs : hommes et femmes dans leurs territoires et leur histoire », Bordeaux, 2009 ; Paris, Éditions du CTHS, 2012, pages 127‑133) : Delorme a servi le prince de 1630 à 1632, suivi par Brunier.
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