Annexe : Les deux Vies latines de Jean Héroard,
premier médecin de Louis xiii
Note [95]
« Le Moulin de Charenton sans farine, ou Discours contre les thrasonismes [fanfaronnades], impudences et hérésies de Pierre Du Moulin, 1618, in‑8o, 32. p. » (note de Madeleine Foisil).
Notre édition a plusieurs fois recouru aux Mémoires-journaux de Pierre de L’Estoile (1546-1611), qui couvrent les règnes de Henri iii et Henri iv. On y lit en septembre 1601 (édition de Paris, 1879, tome septième, pages 314‑315) :
« On donna pour nourrice à M. le Dauphin une nommée Poncet, fille d’une bonne mère, dévote ligueuse, nommée Hottoman, qu’on appelait “ la Mère des Seize ”, {a} et femme d’un mari qui ne valait guère ; mais pour son regard d’elle, {b} fort honnête femme, et la bonne façon de laquelle revenait fort à Leurs Majestés, principalement au roi, qui, nonobstant le dire de son médecin qui y en voulait mettre une autre, voulut absolument qu’elle le fût. {c}Pour médecin de M. le Dauphin, on y mit Héroard, à la faveur et recommandation de M. de Bouillon. {d} Et, pource que ledit Hérouard était de la Religion, on disait “ qu’on avait voulu marier Père Éternel et Agimus ensemble ”. » {e}
- Les Seize étaient les représentants des 16 quartiers de Paris qui avaient formé le Conseil insurrectionnel de la Ligue catholique (1589-1591).
- Quant à la dame Poncet.
- Le Borboniana 10 manuscrit a raconté la dispute vénale qu’il y eut entre Henri iv et son premier médecin, Jean Ribit de La Rivière, sur le choix de la nourrice du dauphin nouveau-né (v. ses notes [11] et [12])
- Unique mention, dans mes recherches, de Henri de la Tour d’Auvergne (v. note [2], lettre 187), protestant convaincu et père du maréchal de Turenne, comme protecteur de Héroard.
- La langue ironique du temps se référait au « Père Éternel » pour désigner les protestants, et à « Agimus » pour les catholiques : « Les réformés plaisantaient les catholiques sur l’usage de prier en latin, en les désignant par le mot Agimus. Les grâces latines commencent par le verbe agimus [gratias Deo] [nous rendons (grâces à Dieu)] qui devint le sobriquet des catholiques » (La Curne de Sainte-Palaye). Le mariage dont on entendait plaisanter était celui d’un médecin protestant et d’une nourrice catholique au service du dauphin.
Dans le tome suivant (1602-1607), je n’ai pas trouvé le passage où L’Estoile disait de Héroard qu’« un an plus tard, il était catholique ».
"Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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