Note [12] | |
« que j’honore comme la grande étoile de l’Allemagne et mieux peut-être, comme le phénix unique ou à tout le moins, comme le prince de tous les érudits qu’il puisse y avoir en Europe. J’ai lu et relu tout ce qu’il a écrit : au sujet de Galien, L’Utilité des parties ; Les Os ; Le Thorax ; La Reproduction de l’homme ; L’Origine des formes ; Les Ichors ; {a} L’Utilité du cerveau et de la rate ; les Variæ Lectiones ; {b} Contre Erastus et Montanus, {c} au sujet des maladies ; Les Lieux affectés, etc. Sa Pathologie est la seule de ses œuvres que je n’aie pas vue. {d} C’est véritablement un grand homme, mais il met trop de zèle à contredire, en particulier Galien, homme incomparable et que je place au-dessus de toute louange. Avec aussi beaucoup de méchanceté et une certaine jalousie perfide, il attaque notre Fernel dont il n’égale pas l’ombre ; tout comme il méprise tant qu’il peut, avec fort pédante arrogance, presque tous les auteurs contemporains. Je fais grand cas du dit Fernel, comme de juste, non tant parce qu’il a été mon compatriote ou un médecin de Paris, mais je le révère pour des raisons identiques à celles qui l’auraient tout de même fait honorer par Hofmann, si ledit Hofmann n’avait exprimé de l’aigreur à son encontre : ainsi, je crois qu’il lui manque un conseiller pour en mieux juger à l’avenir, exercice où on l’a souvent pris sur le fait d’extravaguer. La gloire future de l’immortel Fernel n’a jamais et nullement eu besoin de ma défense contre de semblables détracteurs. Si pourtant il y en avait de tels un jour, ou plutôt, si Hofmann persévérait après avoir été dûment averti et ne s’abstenait d’invectives contre les mânes fernéliens, ils ne proviendraient pas de notre École. Ses maîtres éminents et admirables non seulement rivalisent pour cajoler la doctrine fernélienne, mais en sont les plus ardents défenseurs. Sous les applaudissements de tous les hommes de bien, ils frictionneront Hofmann de belle façon pour le débarrasser de sa lèpre et de sa gale opiniâtre. Si Fernel a eu quelque tort, c’est d’avoir été un homme ; pourtant, là où il a fauté, il s’est aussi montré tout à fait digne de la plus grande clémence ; et qui plus est, tous conviennent de cela, et même les meilleurs médecins et les plus distingués, à qui cet Hofmann ne sera jamais digne de présenter le pot de chambre. Pourtant, je l’aime sincèrement, et je l’honorerai toujours aussi longtemps qu’il restera dans son camp et qu’il tiendra ses griffes acérées loin de Galien, de Fernel et des autres auteurs savants dont les travaux nous procurent d’heureuses jouissances. » {e}
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 9 mai 1643, note 12.
Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=0081&cln=12 (Consulté le 26/03/2025) |