Note [12] | |
V. note [2], lettre 16, pour Pierre iv Séguier, chancelier de France en charge depuis 1635. Il appartenait à la noblesse de robe, mais le Borboniana prenait un malin plaisir à rappeler sa souche roturière, et voulait détacher sa famille des plus aristocratiques Séguier dont a parlé le Grand Dictionnaire historique de Louis Moréri : {a} « Noble et ancienne famille originaire du pays de Quercy, < qui > a été divisée en plusieurs branches établies à Cahors, à Toulouse et à Paris. Celle de Cahors a eu des sénéchaux du pays de Quercy et des chanceliers d’Armagnac. Celle de Toulouse a produit des juges-mages de cette ville et des présidents à mortier au parlement de Languedoc. {b} Il existe une ressemblance frappante entre le présent article du Borboniana et l’historiette de Tallemant des Réaux intitulée Le Chancelier Séguier (tome i, pages 611‑616), dont l’ascendance est ainsi décrite : « Les Séguier de Paris ne viennent nullement des Séguier de Languedoc : ils viennent d’un procureur qui était grand-père du feu président Séguier. […] Le chancelier fut si étourdi, étant garde des sceaux, que de faire ôter la tombe de ce procureur, qui était à Saint-Séverin ou à Sainte-Opportune, à cause qu’il y avait une inscription. » Antoine Adam, l’éditeur des Historiettes, convient des incertitudes qui planent sur les premiers Séguier de Paris, mais se hasarde à prénommer Blaise celui qui fut procureur au Châtelet de Paris. Une note du même A. Adam (page 1218) parle de l’épitaphe du susdit procureur à Saint-Séverin, {a} « que l’on en a fait ôter depuis » : « Il est très probable que Tallemant […] commet des confusions entre ces divers Séguier ; mais s’il se trompe, c’est avec ses contemporains. Ils ont parlé de cette inscription et de son enlèvement. L’Avertissement à Cohon {b} dit : “ Nous voyons le petit-fils d’un procureur du Châtelet tenir la place d’un chancelier de France. Quoiqu’il ait fait ôter de nos jours l’épitaphe de Pierre Séguier, son grand-père, il n’en est pas plus à estimer. Elle était sous le charnier {c} de Saint-Séverin, à l’entrée de la petite porte, à main gauche. ” On lit aussi dans le Catalogue des partisans, {d} sous le nom de Séguier : “ Son bisaïeul était apothicaire, son aïeul, procureur, a été enterré sous le charnier de Saint-Séverin, où était son épitaphe, qui a été retirée par force. ” » Tout cela est assez confus (et sans doute rendu volontairement tel par la volonté qu’avaient les Séguier de ne pas être les descendants d’un vil apothicaire) ; mais la concordance des dates d’activité des uns et des autres m’incite à conclure que le procureur au Châtelet se nommait Blaise Séguier, qu’il n’était pas le frère, mais le fils de l’apothicaire, Étienne ; et ce contrairement à ce qu’écrit Popoff, qui ne dit pas que Blaise était procureur, mais valet de chambre du roi Charles viii, et date sa mort de 1510. Étienne et Blaise auraient alors respectivement devancé le président Pierre i Séguier de quatre et trois générations. Le père de ce dernier, lui aussi prénommé Pierre, aurait de même été reçu président au Parlement en 1554. Enfin, pour ajouter aux méprises, Moréri et Popoff donnent au père de Pierre i Séguier, le fondateur de la branche des hauts magistrats (après Gérard), le prénom de Nicolas, mais sans le dire frère d’Étienne, l’apothicaire, ni lui attribuer la charge de procureur au Parlement ou au Châtelet de Paris. On peut tout de même en conclure que les Séguier, qui n’ornèrent jamais leur patronyme d’une particule (de Séguier), appartenaient indubitablement à la haute et ancienne noblesse parisienne, mais celle de robe (les officiers royaux), et non celle d’épée (l’aristocratie proprement dite, dont le devoir était de combattre pour la Couronne de France, si nécessaire jusqu’à y sacrifier leur sang et même leur vie). |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Borboniana 8 manuscrit, note 12. Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=8209&cln=12 (Consulté le 27/03/2025) |