Note [39] | |
« mais tous les imposteurs ne sont pas châtiés de la même manière ». Guy Patin n’était qu’incomplètement informé et donnait un premier récit fort approximatif de la sombre affaire que voici. Alors qu’elle se rendait à Rome en décembre 1655, Christine de Suède avait fait halte à Pesaro où le cardinal Luigi Omodei l’accueillit somptueusement (Quilliet, page 261) :
C’étaient le comte Francesco-Maria Santinelli, son jeune frère, le vicomte Lodovico, et leur ami le marquis Gian Rinaldo Monaldeschi. Séduite par tant de jeunesse, de force et d’aisance, Christine les avait aussitôt pris à son service. Ibid. (page 262) :
Installée au château de Fontainebleau au début d’octobre 1657 avec toute sa bande, Christine attendait une invitation officielle de la cour pour entrer dans Paris, tout en rêvant pour elle du trône napolitain dont une ruse de Mazarin lui avait fait miroiter la possibilité (conjonction de Compiègne, conclue le 22 septembre 1656). La garnison espagnole de Naples se renforçant, comme si elle avait eu vent du projet secret d’expédition française contre la ville, la reine de Suède soupçonna que quelqu’un de son entourage avait trahi. La découverte de lettres compromettantes désigna Monaldeschi. Ses dénégations maladroites ne firent qu’attiser la fureur de la reine. Elle décida sans procès la mort de son premier écuyer. Le 10 novembre, il comparaissait devant elle dans la galerie des Cerfs, en présence du P. Le Bel, prieur des Mathurins de Fontainebleau (v. note [9], lettre 504), de Lodovico Santinelli et de deux sbires italiens. Les supplications de Monaldeschi n’y firent rien : il fut livré désarmé à ses assassins ; la cotte de mailles qu’il portait sous sa chemise leur rendit la tâche ardue ; Santinelli et ses séides n’en vinrent à bout qu’au poignard, en attaquant la tête et la gorge. ibid. (page 322) :
Dans l’église paroissiale d’Avon, une plaque de marbre commémore toujours l’événement :
V. note [10], lettre 504, pour la relation de ces événements par la Grande Mademoiselle. Le R.P. le Bel a été témoin direct du meurtre et en a laissé un récit très détaillé dans le Recueil de diverses pièces curieuses pour servir à l’Histoire (Cologne, 1664, pages 77‑92), référencé dans la note [58] des Déboires de Carolus. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Hugues II de Salins, le 15 novembre 1657, note 39.
Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=0503&cln=39 (Consulté le 25/01/2025) |