Page 141 des Commentaria, vers le milieu :
Rarius tantus calor est cordis, ut ipsum hirsutum fiat et polis refertum, quale […] in latronibus quibusdam insignibus testantur se hoc vidisse Benivenius, Lusitanus et Muretus. Tales vero homines audacissimi sunt, calidissimi et callidissimi, atque ut plurimum scelerati.
[Très rarement, la chaleur du cœur est si grande qu’il se hérisse et couvre de poils, comme (…) Beniveni, {a} Lusitanus {b} et Muret {b} témoignent l’avoir vu de leurs propres yeux chez d’insignes brigands ; de tels hommes sont en vérité fort hardis, fort chauds et fort madrés, et scélérats pour la plupart]. {c}
- Antonio Beniveni a relaté, au chapitre lxxxiii de son traité de abditis nonnulis ac mirandis morborum et sanationum causis [sur quelques causes cachées et merveilleuses de maladies et de guérisons] (Florence, 1507, v. supra notule {d}, note [33]), un Cor pilis refertum [Cœur couvert de poils] chez un voleur récidiviste qui avait survécu à une première pendaison, mais qu’on avait de nouveau pendu pour de bon, puis disséqué :
Hoc idem inventum est in corde Aristomenis Græci, qui solus perhibent integras acies pugnando in fugam vertisse. Est ergo non tantum scelesti ingenij signum sed quandoque etiam raræ fortitudinis.
[On a trouvé la même chose dans le cœur du Grec Aristomène, {i} dont on raconte qu’en combattant seul il a mis des armées entières en fuite. C’est donc non seulement le signe d’un tempérament criminel, mais aussi parfois d’une rare vaillance].
- Roi de Messénie au viie s. av. J.‑C.
- Lusitanus pouvait s’appliquer à deux médecins juifs d’origine portugaise, Abraham Zacutus Lusitanus (v. note [7], lettre 68) et Amatus Lusitanus, dont il s’agissait ici : dans la 65e curation (pages 622‑623) de la 6e de ses Curationum medicinalium Centuriæ septem… [Sept centuries de curations médicales…] (Bordeaux, 1620, v. note [2], lettre 232), intitulée In qua agitur de pilis in lingua genitis , satis longis [Où il est question de poils assez longs qui poussent sur la langue], Amatus Lusitanus rapporte avoir disséqué à Ferrare le cadavre d’un homme dont le cœur était entouré de poils, audacissimus tamen hic erat grassator et latro insignis [c’était pourtant un très hardi bandit et un insigne brigand].
- Marc-Antoine Muret, humaniste français du xvie s., {i} n’était pas médecin, mais on lit ce propos au chapitre x, livre xii (pages 321‑322) de ses Variarum lectionum libri xv… [Quinze livres de Leçons diverses…], {ii} intitulé De quibusdam, qui piloso sunt corde [De certaines gens qui ont le cœur poilu] :
Ipse quoque memini, cum Venetiis essem, sumptum esse capitis supplicium de nobili quodam latrone, qui cùm à carnifice dissecaretur, corde admodum piloso repertus est. Roboris quidam, astutiæ et calliditatis alij esse id argumentum volunt.
[Je me rappelle aussi, quand j’étais à Venise, un noble brigand dont on avait tranché la tête ; et quand le bourreau l’a dépecé, on lui a trouvé le cœur fort poilu. Certains veulent que ce soit une preuve de vigueur, et pour d’autres, de ruse et de rouerie].
- V. note [31], lettre 97.
- Anvers, 1586, v. notule {b}, note [57] du Borboniana 2 manuscrit.
Ces relations merveilleuses ne sont peut-être pas de pures fables, mais l’effet d’une inflammation (v. note [6], lettre latine 412) aiguë du péricarde (péricardite) avec formation de filaments fibrineux à la surface du cœur (sans relation, autre que fortuite, avec les vertus ou les vices de ceux qui en sont atteints). |