Note [44] | |
Le Borboniana donnait ici le nom de professor Ramæus (ou Rameus) au titulaire de la chaire spéciale du Collège de France, dite chaire de Ramus, cathedra Ramæa, que Pierre de La Ramée {a} avait instituée par son testament, daté de Paris, le 1er août 1568 : « de 700 livres de rente qu’il avait sur l’Hôtel de Ville, 500 serviraient de gages à un professeur qui enseignerait en trois ans l’arithmétique, la musique et la géographie dans le Collège royal ; qu’après ce terme, on en choisirait un autre, avec les circonstances qu’il prescrit, pour faire le même cours d’étude ». {b} Ce testament de Ramus {c} est transcrit dans le tome premier du même ouvrage (pages 231‑233). La rente qui la finançait s’étant épuisée, cette chaire disparut en 1732. On trouve aussi dans cet ouvrage (tome premier, pages 215‑223) des éclaircissements sur l’occupation abusive de la chaire de Ramus par un dénommé Jacques Martin, laquelle avait été vivement contestée en 1626 : « Le deuxième événement que l’Université ne manqua pas de saisir pareillement, pour tenter d’obtenir quelque juridiction sur le Collège royal, fut la contestation qui s’éleva entre Pierre de Prades, bachelier en théologie dans l’Université de Toulouse, qui aspirait à la chaire de Ramus, et Jacques Martin, docteur qui occupait cette chaire depuis 18 ans. {d} De Prades prétendait que, conformément au testament de Ramus, la chaire que ce professeur avait fondée devait être censée vacante tous les trois ans ; qu’il était alors permis à tous ceux qui le jugeaient à propos de se présenter pour la disputer ; que Martin avait pu en jouir pendant 18 ans sans le violement le plus excessif des volontés du fondateur ; et qu’ainsi lui, de Prades, n’avait rien fait qui ne fût selon les règles lorsqu’il avait requis que cette chaire lui fût donnée si, par la dispute, il était jugé capable de la remplir ; ce qu’il avait fait, et ce qui avait déterminé les professeurs royaux de lui céder la place. Martin se défendit, interjeta appel de la décision des professeurs royaux et fit intervenir le recteur dans sa cause. Celui-ci prétendit qu’on ne devait point adjuger les chaires royales à d’autres qu’à des maîtres ès arts, que le sieur de Prades ne l’était pas, que l’Université ne l’avait point adopté et qu’il s’était intrus de lui-même, sans aucun titre valable ; {e} et il requit qu’il fût débouté de sa demande et condamné à une amende, et qu’il fût ordonné que, dans la suite, lorsqu’il vaquerait une chaire de professeur, on n’y admît que ceux qui seraient du corps de l’Université. De Prades répondait qu’à la vérité il n’était point maître ès arts de l’Université de Paris, mais qu’étant bachelier dans celle de Toulouse, il était capable, ainsi qu’il avait été jugé tel, de remplir la chaire de Ramus, ladite qualité de maître ès arts n’étant nécessaire que pour ceux qui enseignent les arts et la philosophie ; qu’au surplus, il offrait d’abondant {f} de s’exposer à une nouvelle dispute devant telles personnes qu’il plairait à la Cour de commettre. » En dépit de plusieurs arrêts du Parlement favorables à de Prades, le Collège resta ferme sur ses positions, jusqu’à un arrêt de 1633 qui reconnut son indépendance de l’Université. Martin occupait toujours la chaire de Ramus au moment où Nicolas Bourbon, lui-même titulaire d’une chaire royale, dictait le Borboniana. Le présent article incite aussi à admettre trois faits que je ne suis pas parvenu à vérifier :
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Borboniana 6 manuscrit, note 44. Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=8207&cln=44 (Consulté le 16/02/2025) |