Note [47] | |
V. note [23], lettre 449, pour l’énigmatique livre « des trois Imposteurs », pamphlet anonyme athée et clandestin, apparemment écrit en 1538 et publié pour la première fois en 1598, qui excitait alors beaucoup la curiosité des milieux libertins (où on n’en parlait que par ouï-dire). Je n’en ai pas trouvé de trace imprimée certaine avant l’édition critique, latine et française, publiée par Philomneste Junior (Bruxelles, 1867). Un ouvrage n’a sans doute pas innocemment repris ce titre pour s’attaquer aux thèses sceptiques d’Edward Herbert de Cherbury, {a} de Thomas Hobbes {b} et Baruch Spinoza : {c} De tribus Impostoribus magnis Liber, cura editus Christiani Kortholti, S. Theol. D. et Professoris Primarii. V. note [1], lettre 62, pour Arnauld de Villeneuve (mort en 1313). Philomneste Junior a sèchement réfuté cette piste (page 77) : « Naudé, par une ridicule méprise, croyait ce Traité des trois Imposteurs d’Arnauld de Villeneuve, écrivain grossier et barbare. » Philomneste s’en explique de manière fort convaincante (pages 72‑73) : « Le premier qui ait parlé du livre comme existant en 1543 est Guillaume Postel dans son traité de la conformité de l’Alcoran avec la doctrine des luthériens ou des évangélistes, qu’il nomme anévangélistes, {a} et qu’il entreprend de rendre tout à fait odieux, en voulant faire voir que le luthéranisme conduit droit à l’athéisme. Il en rapporte pour preuve trois ou quatre livres composés, selon lui, par des athées, qu’il dit avoir été des premiers sectateurs du prétendu nouvel évangile : id arguit nefarius tractatus Villanovani De Tribus Prophetis, Cymbalum mundi, Pantagruelus et novæ insulæ, quorum autores erant Ceneuangelistarum antesignani. {b} Ce Villanovanus, que Postel dit auteur du livre des trois Imposteurs, est Michel Servet, fils d’un notaire, qui, étant né en 1509 à Villanueva en Aragon, a pris le nom de Villanovanus dans la préface qu’il ajouta à une Bible qu’il fit imprimer à Lyon en 1542, par Hugues de La Porte, {c} et prenait en France le nom de Villeneuve, sous lequel on lui fit son procès, après avoir fait imprimer en 1553, à Vienne en Dauphiné, la même année de sa mort, son livre intitulé Christianismi restitutio, un livre devenu extrêmement rare, par les soins qu’on prit à Genève d’en rechercher les exemplaires pour les brûler ; {d} mais dans tous les catalogues des livres de Servet, on ne trouve point de livre De tribus Impostoribus. Ni Calvin, ni Bèze, ni Alexandre Morus, ni aucun autre défenseur du parti huguenot qui ont écrit contre Servet, et qui avaient intérêt de justifier son supplice et de le convaincre d’avoir composé ce livre, aucun ne l’en avait accusé. Postel, ex-jésuite, est le premier qui, sans autorité, l’a fait. » |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Naudæana 4, note 47. Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=8195&cln=47 (Consulté le 23/01/2025) |