Note [7] | |
Dans son livre Des Maladies internes (v. note [3], lettre 31), Hippocrate dit à deux reprises : « on purgera la tête avec le tetragonum [το τετραγονο] » (paragraphes 45, page 279, et 49, page 291, de Littré Hip, volume 7). Littré est lui aussi demeuré perplexe et a, comme Guy Patin, refusé le point de vue de plusieurs interprètes d’Hippocrate (dont Galien) qui voulaient faire de tetragonum un synonyme de το στιμμι (l’antimoine, v. infra, note [8]). Dans son Œconomia Hippocratis…, page 616, v. note [23], lettre 7), Anuce Foës dit que Galien :
En fouillant le Corpus hippocratique, on trouve un autre vocable, τετραγωνα, qui renvoie à une « plante [le fusain, ou arbre à fruits carrés (Bailly)] dont a parlé Théophraste et dont les fruits, à la dose de trois ou quatre, évacuent par le bas et même par le haut » (Étienne Mack, éditeur des œuvres complètes d’Hippocrate, Vienne, 1743-1749, in‑fo) ; quadrangula spicula, sagittas quatuor habentes cuspides [des épines quadrangulaires, des flèches ayant quatre pointes] (Foës). Ce détail de vocabulaire hippocratique a pesé très lourd dans les disputes sur l’antimoine puisqu’il touchait à un point capital de doctrine médicale : si les maîtres de l’Antiquité avaient connu et exploité les vertus curatives de ce métal, alors il n’y aurait aucune raison de contester son inscription dans le Codex et son emploi dans la thérapeutique ordinaire. Dans sa première Défense de la Faculté de médecine de Paris… (1666, v. note [5], lettre 873), Jacques Thévart a résolument soutenu ce point de vue (page 8) :
En 1651, parmi d’autres antimoniaux, Jean Chartier (v. notes [13], lettre 271, et [2], lettre latine 31) avait émis la même opinion que Thévart. Le plus vraisemblable pourtant est que les médecins de l’Antiquité ont connu l’antimoine, mais ne l’ont appliqué qu’au traitement externe des maladies (collyres, onguents, pommades). Telle était du moins l’opinion des orthodoxes de la Faculté (v. note [2], lettre 276), c’est-à-dire des ennemis résolus de l’ingestion d’antimoine, dont Patin était un ardent zélateur. Un de leurs arguments essentiels était que la prise d’antimoine ne pouvait pas être bonne puisque les Anciens ne l’avaient pas recommandée. Charles Guillemeau (et Guy Patin), Question cardinale…, 1648 (v. note [2], lettre 158), Observation ii, De l’antimoine (v. sa note [3]). Dans l’épître dédicatoire de son Rabat-joie de l’Antimoine triomphant… (1654, v. note [3], lettre 380), Jacques Perreau dit le « Tétragone doué de quatre titres merveilleux pour la cure des maladies, étant vulnéraire, vomitif, déjectif et sudorifique ». V. notule {al}, note [55], lettre 348, pour une autre allusion au tétragone d’Hippocrate dans L’antimoine justifié… d’Eusèbe Renaudot (Paris, 1653). |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Claude II Belin, mars-avril 1641, note 7.
Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=0054&cln=7 (Consulté le 22/01/2025) |