Note [9] | |
Vincent ii Voiture (Amiens 1597-Paris 26 mai 1648) était le fils unique de Vincent i, marchand de vin originaire d’Amiens et fournisseur attitré de la cour. Le jeune Vincent avait mené de brillantes études au Collège de Boncourt. Entré au service de Gaston d’Orléans en 1627, il le suivit en 1632 en Lorraine, à Bruxelles et dans le Languedoc. Il entra donc avec lui à main armée en France et fut son ambassadeur auprès de la cour d’Espagne pour obtenir du duc d’Olivares des secours contre le roi de France (1633). Quand Monsieur se réconcilia avec la cour, Voiture rentra en grâce auprès de Richelieu par une lettre où il célébrait la prise de Corbie sur les Espagnols (1636, v. note [2], lettre 31) :
En 1638, Voiture fut celui que la cour envoya à Florence pour notifier au grand-duc la naissance du fils de Louis xiii. Maître d’hôtel du roi, interprète des ambassadeurs chez la reine, premier commis du contrôleur général des finances, etc., ce bel esprit fut comblé de plus de grâces (au bas mot 18 000 livres de rente) que tous les grands génies du siècle de Louis xiv ensemble. Adulé des plus grands, un mot de lui, un quatrain étaient répétés, commentés et admirés sans réserve. Telle fut la fameuse querelle des uranistes et des jobelins : c’est ainsi qu’on nommait respectivement à la cour les partisans du sonnet d’Uranie (v. notule {b}, note [6] du Borboniana 7 manuscrit, pour cette Muse) par Voiture et ceux de Job par Isaac de Benserade (v. note [2], lettre 889). Après de longs débats, le prince de Conti, chef des jobelins, termina cette lutte en disant des deux sonnets : « L’un est plus grand, plus élevé, mais je voudrais avoir fait l’autre. » Les Œuvres de Voiture ont été publiées pour la première fois en 1650 (Paris, Augustin Courbé, in‑4o), deux ans après son décès : il n’avait rien publié de son vivant, prédisant que quelque sot prendrait cette peine après sa mort. Elles se composent principalement de poésies et de lettres ; Guez de Balzac et lui étaient les deux épistoliers en vogue. Plein d’esprit, de facilité et d’instruction, Voiture n’a cependant su tirer d’autre parti de ses talents que de donner une forme littéraire au caquetage des ruelles (v. note [4] du Faux Patiniana II‑4), à ce jargon précieux dont Molière a fait justice et qui passait alors pour la dernière expression du sublime (R. et S. Pillorget et G.D.U. xixe s.). |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 24 décembre 1649, note 9.
Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=0210&cln=9 (Consulté le 10/02/2025) |