Note [92] | |
Bon abrégé du long article élogieux du Moréri sur Pierre Abélard ou Abailard (Le Pallet, près de Nantes 1079-Chalon-sur-Saône 1142), éminent théologien et philosophe, qui fut l’un des fondateurs français de la scolastique (v. note [3], lettre 433). Il doit sa plus grande célébrité à son ardent et fidèle amour pour son élève, Héloïse (vers 1092-1164), nièce du sous-diacre Fulbert, chanoine de Paris, qui fut démis de son bénéfice après l’ignoble forfait perpétré sur la virilité d’Abélard.
La vie singulière d’Abélard et son génie de penseur chrétien, jugé sulfureux et hérétique par la plupart de ses contemporains, ne sont apparus au grand jour qu’avec la parution des : Petri Abælardi, Sancti Gildasii in Britannia Abbatis, et Heloisæ coniugis eius, quæ postmodum prima cœnobii Paraclitensis Abbatista fuit, Opera, nunc primum ex mms. Codd. eruta in lucem edita, studio ac diligentia Andreæ Quercetani, Turonensis. Parues à la fin du xviie ou au début du xviiie s., les Lettres et épîtres amoureuses d’Héloïse et d’Abeilard, traduites librement en prose et en vers par MM. de Bussy-Rabutin, Pope, Colardeau, Dorat, G. Dourxigné, C***, Saurin et Mercier {d} ont donné un tour galant à cette histoire, que les romantiques du xixe s. ont exploitée avec grand succès. Les libertins érudits du xviie s. n’en ont pourtant pas fait un modèle louable. Dans l’article qu’il lui a consacré, Bayle a dénigré celui de Moréri {e} et sévèrement fustigé Abélard : « Comme il avait l’esprit fort subtil, il n’y eut rien dans ses études à quoi il s’appliquât avec autant de succès qu’à la logique. Il voyagea en divers lieux par la seule envie de s’aguerrir dans cette science, disputant partout, lançant de toutes parts des syllogismes et cherchant avec ardeur les occasions de se signaler contre une thèse. Jamais chevalier errant ne chercha avec plus d’avidité les occasions de rompre une lance en l’honneur des dames. […] Il est remarquable qu’il ne fît nul scrupule de son mariage, quoiqu’il fût dans la cléricature et possesseur d’un canonicat. […] Il effrayait les gens par le moyen de cette science, et les foudroyait et terrassait par tant de sortes d’ergoteries qu’il ne les rendait pas moins étonnés que confus. » {f} |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : L’Esprit de Guy Patin (1709), Faux Patiniana II-7, note 92. Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=8220&cln=92 (Consulté le 09/02/2025) |