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Le baccalauréat de médecine (autrement appelé jubilé, jubileum, pour marquer sa solennité, v. note [26] des Décrets et assemblées en 1651‑1652) était le premier grade (principium) conféré par la Faculté. Chaque année, les étudiants s’inscrivaient aux Écoles pour y entamer (les premières inscription n’étaient prises que les années paires) ou poursuivre leur premier cycle d’études. À partir du lendemain de la Saint-Luc (18 octobre, v. notes [46] des Décrets et assemblées de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris), ces apprentis ou écoliers, qu’on surnommait philiatres (« aimant la médecine », au sens littéral), suivaient les enseignements faits (en latin) par les professeurs (élus pour un ou deux ans parmi les docteurs régents, v. note [5] des Actes de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris) et par les bacheliers émérites (legentes de mane [lecteurs du matin]) : explication des aphorismes d’Hippocrate, étude des choses naturelles (anatomie et physiologie), des choses non naturelles (hygiène et régime, v. note [13] des pièces liminaires du Traité de la Conservation de santé) et des choses contre nature (pathologie et thérapeutique). Ces leçons avaient lieu dans les salles basses (Scholæ inferiores, rez-de-chaussée) de la Faculté (rue de la Bûcherie dans l’actuel ve arrondissement, v. note [14] des Décrets et assemblées de la Faculté en 1650-1651), le matin et le soir, tous les jours sauf le dimanche, le jeudi et les nombreux jours fériés, fixés par l’article xv (pages 18‑26) des statuts de la Faculté. Un congé d’été s’y ajoutait chaque année (Statuta F.M.P., art. xvii, page 24‑25) :
Durant toute l’avant-dernière (cinquième) semaine du carême de chaque année paire avaient lieu les épreuves du baccalauréat. Les candidats à l’examen (candidati) devaient présenter des certificats prouvant qu’ils avaient été reçus maîtres ès arts ou philosophie dans l’Université de Paris depuis plus de quatre ans, ou dans quelque autre Université, mais depuis plus de huit ans, ainsi que des attestations des professeurs ordinaires de la Faculté de médecine prouvant qu’ils avaient assisté aux leçons publiques pendant au moins quatre ans ; ou bien, au lieu des unes et des autres, présenter leur diplôme de docteur en médecine obtenu régulièrement dans quelque autre Université du royaume. L’article viii des Statuta (page 14) ajoutait que :
En somme, pour les Parisiens, la durée minimale du premier cycle médical était de quatre ans (cinq inscriptions), mais pouvait s’abaisser à deux ou trois ans (trois ou quatre inscriptions) pour les plus privilégiés d’entre eux, les fils de maîtres. Tous étaient obligatoirement des hommes ; mais au temps de Guy Patin, n’avaient plus cours les clauses imposant le baptême dans la religion catholique, le célibat (v. note [12], lettre 254) et l’âge de 22 ans révolus. La veille du quatrième dimanche de carême avait lieu une cérémonie solennelle (supplique) de présentation des candidats au Corps entier de la Faculté. À partir du lundi suivant, le doyen et les quatre examinateurs (v. note [1], lettre 38) soumettaient les candidats aux épreuves (orales et bien sûr en latin) du baccalauréat (ibid., article ix, page 15) :
Le samedi (veille des Rameaux), après une messe solennelle, les examinateurs faisaient leur rapport à la Compagnie assemblée qui votait l’admission ou le refus du candidat, selon que celui-ci était sufficiens ou incapax. Ceux qui avaient obtenu les deux tiers des suffrages étaient admis. Devenant bacheliers de médecine, ils prononçaient un serment les engageant à observer les statuts de la Faculté, à en respecter les maîtres, à les aider dans leurs luttes contre les ennemis de l’École, et à assister aux messes solennelles, aux cours et actes de l’École pendant les deux années de préparation à la licence (v. note [47] des Décrets et assemblées de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris). « Si le nombre des bacheliers était insuffisant pour préserver le prestige de l’École de médecine », les candidats déclarés incapaces pouvaient bénéficier d’un examen de rattrapage (dénommé jubilé, v. notes [37] et [49] des Décrets et assemblées de 1651‑1652) à la Saint-Rémy (1er octobre) suivante (ç’avait été le cas de Guy Patin, Jacques Thévart et François Foucqué en 1624) ; s’ils échouaient de nouveau, ils devaient attendre deux années supplémentaires pour se présenter au baccalauréat suivant (ibid., article xi, page 16). Le baccalauréat ne conférait pas le droit d’exercer la médecine (ibid., article lix, page 56) :
Quelques bacheliers de Paris partaient présenter leur licence dans une autre ville où son obtention était réputée plus facile et plus courte (et donc moins coûteuse). Le cas inverse n’était en principe pas possible : pour devenir licencié de Paris, il fallait y avoir été reçu bachelier. Les Décrets et assemblées de la Faculté en 1651-1652 illustrent abondamment l’ensemble de ces coutumes et pratiques appliquées aux deux sessions du baccalauréat qui eurent lieu en mars et octobre 1652. Je n’ai en revanche trouvé aucun texte permettant de savoir précisément quelle proportion des philiatres d’une promotion postulait le baccalauréat. Le nombre des candidats à qui la Compagnie refusait l’examen était faible (généralement inférieur à quatre) ; celui des bacheliers reçus tous les deux ans était tacitement calculé pour maintenir l’effectif de la Compagnie des docteurs régents autour de 120 ; les étudiants qui partaient se faire graduer plus rapidement et à moindre frais dans une faculté provinciale étaient plus nombreux, mais l’estimation de leur effectif a jusqu’ici échappé à mes recherches. La scolarité étant gratuite jusqu’au baccalauréat (v. note [11] des Comptes de la Faculté de médecine en janvier 1652), les registres de la Faculté ne permettent pas de connaître le nombre annuel des inscrits en premier cycle. Toutefois, une estimation fondée sur le Catalogue des plantes cultivées à présent au Jardin royal des plantes médicinales… de Guy de La Brosse (Paris, 1641, v. note [4], lettre 60) établit que le cumul annuel des philiatres inscrits à la Faculté de médecine de Paris devait se situer entre 100 et 200. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Claude II Belin, le 7 avril 1638, note 2.
Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=0039&cln=2 (Consulté le 21/01/2025) |