Note [36] | |
Les anonymes Bons avis sur plusieurs mauvais avis {a} ont été publiés en 1650, dans le feu croisé des mazarinades. {b} Ils sont attribués à Mathieu de Mourgues, abbé de Saint-Germain, {c} fidèle serviteur des intérêts du roi et de son gouvernement, pour défendre la décision d’emprisonner les princes (Condé, Conti et Longueville) en janvier 1650. {d} Le début (pages 3‑4) en résume éloquemment l’ensemble et le style : « Il est expédient {e} de faire connaître à ceux qui écrivent contre les intentions du roi que, s’il échappent à la justice de Sa Majesté, ils n’éviteront pas la censure de ses fidèles serviteurs. Les mieux instruits disent que la vanité a persuadé à ces feux follets qu’ils passeront pour des étoiles en faisant briller les étincelles de leurs esprits, encore qu’elles soient des allumettes de sédition. Les sages avouent que ces gens-là rangent mieux leurs paroles qu’ils ne règlent leurs pensées, lorsqu’ils s’imaginent que tout ce qui agréera aux curieux sera bien reçu par les sérieux. Ce qui est plus fâcheux est que les auteurs de ces ouvrages cherchent plutôt la réputation de polis écrivains que de bons citoyens : ils blâment avec hardiesse le gouvernement de l’État, qui a des secrets semblables aux mystères divins, auxquels nous devons la créance et la soumission, sans entreprendre de les pénétrer avec présomption pour les contrerôler {f} avec arrogance. Nous pouvons dire aussi à ces Messieurs que leurs plumes paraissent légères lorsqu’elles volent en fort peu de temps d’une extrémité à l’autre, et ne s’arrêtent point dans le milieu, où est la vertu. Il y a quinze mois qu’elles employaient leur encre pour noircir les actions et les desseins de Monsieur le Prince ; elles s’exercent maintenant non seulement à les blanchir, mais à les farder. Ainsi, celui que ces beaux discours on appelé souvent le mauvais génie de la France, lorsqu’il était à Saint-Germain, {g} est devenu dans le Bois de Vincennes l’ange tutélaire de ce grand royaume. {h} Puissante prison qui as pu faire ce changement ! Infortunée liberté qui arrêtais un grand honneur pour ce prince, et un noble avantage pour nous ! » La Réponse au libelle intitulé Bons avis, sur plusieurs mauvais avis, {a} attribuée à la moins bonne plume de Jean Le Laboureur, {b} commence ainsi (pages 3‑6) : « Le cardinal Mazarin, après avoir commis la plus noire perfidie dont l’âme du monde la plus ingrate soit capable ; après avoir, par une injustice sans exemple, contre toutes les lois du royaume, fait emprisonner Monsieur le Prince, son bienfaiteur qui, l’année passée, par les ordres de la reine et les conseils de Monsieur le duc d’Orléans, employa sa valeur pour le sauver des mains de la justice ; {c} cet ingrat, dis-je, ne croirait pas avoir pleinement satisfait à sa lâcheté s’il ne déchirait la réputation et s’il ne tâchait d’obscurcir la gloire de Monsieur le Prince qui, par ses belles actions, {d} n’a pas donné moins d’éclat au sang royal qu’il en a reçu de lui par sa naissance. C’est peu au cardinal Mazarin d’avoir sacrifié à sa vengeance une victime ornée de tant de couronnes ; c’est peu d’avoir insolemment triomphé de la liberté du Conservateur de l’État pour achever le crime qu’il a si heureusement commencé ; il faut employer toutes sortes d’artifices afin de rendre les peuples irréconciliables avec Monsieur le Prince, et les faire complices de l’indignité la plus barbare, des desseins les plus énormes, et de la plus injuste violence qui leur puisse jamais être reprochée par la postérité. Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Patiniana I‑4 (1701), note 36. Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/patin/?do=pg&let=8199&cln=36 (Consulté le 24/03/2025) |