Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xiv

Note [10]

Loc. cit. des Observationes de Felix Platerus, {a} troisième cas In Hydrope ascite, aqua per vesicam, in umbilico natam, dissectam, educta [Ascite hydropique, eau tirée à travers une vessie qui s’est formée dans l’ombilic et qu’on a ouverte] :

Mensibus aliquot postea, venit mulier, quadraginta circiter annorum, eodem penitùs modo ascitica, umbilico similiter dilatato in vesicam, cui in eodem Xenodochio, vesicam illam sectione aperuimus, perque eam aquam eduximus, ita ut liberior fieret difficilis, quâ infestabatur, respiratio, venterque minueretur, sed cùm avidè cibum, præter modum sumeret, eoque se, uno die, admodùm ingurgitasset, vomitu et cardialgia superveniente, subitò viribus deficientibus extincta fuit.

[Quelques mois plus tard, se présenta une femme d’environ quarante ans, atteinte d’une ascite presque similaire à la précédente, {b} avec une dilatation ombilicale en forme de vessie, que nous avons incisée pour en évacuer l’eau, diminuer le volume de son ventre et soulager ainsi la gêne respiratoire dont elle se plaignait ; elle se mit alors à manger avec extraordinaire avidité et ingurgita tant de nourriture en un jour qu’elle fut prise de vomissement et de cardialgie, {c} puis ses forces défaillirent et elle mourut subitement]. {d}


  1. Bâle, 1641, v. note [12], Historia anatomica, chapitre ix.

  2. Le précédent cas est celui d’une fillette de dix ans soignée à l’hôpital de Bâle en 1607.

  3. Cardialgie : « Douleur violente, qu’on sent vers l’orifice supérieur de l’estomac, accompagnée de palpitation de cœur, de défaillance, d’envie de vomir, etc. » (Trévoux). La médecine a abandonné ce mot ambigu et l’a remplacé par « précordialgie », car le « cardia » y désigne l’abouchement de l’œsophage à l’estomac, et non plus le cœur (kardia en grec). « Avoir mal au cœur » ou « être écœuré » ont néanmoins survécu dans la langue commune (v. notule {a}, note [5], Historia anatomica, chapitre xvi, pour la remarque d’Hippocrate sur cet abus qu’il jugeait enfantin).

  4. Thomas Bartholin liait l’ascite à l’obstruction des lactifères thoraciques, et la mort à l’abondante prise de nourriture dont le foie avait été incapable d’assurer l’absorption et l’évacuation.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xiv, note 10.

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(Consulté le 08/12/2025)

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