Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre ix

Note [12]

Troisième et dernier des trois livres des Observationum de Felix Platerus (Plater), {a} médecin de Bâle (1536-1614), loc. cit., Mictio Lactea, sine incommodo, diu durans [Miction laiteuse de longue durée, sans inconvénient] :

Contingit mihi, dum adhuc puer essem, ut frequenter ardor inter mejendum me infestaret, quod tamen, ob pudorem nemini patefacere ausus eram. Postea adultior factus, cùm in Gallia versarer, rariùs eâ molestiâ divexabar. In Virili ætate in matrimonio viventi, aliud accessit : Sub vesperam, cùm urinam reddebam, erat ea, quæ primùm prodibat, valde turbida, et veluti lactea, quæ quiescens nonnihil, materiam albam lactis crassioris instar, in fundo, cochlearis unius vel duorum mensurâ deponebat, quæ cùm urinâ agitatâ, confusâ, eam trubidam reddebat, accedente interdum ardore et stranguriâ quadam, inter migendum : Quod accidens plus quam per viginti annos, citra alium renum aut vesicæ affectum duravit, magisque frigoris tempore, me afficiebat. Dubius qualis hæ esset materia, eam quandoque exsiccavi, tuncque Sal quoddam repræsentabat pellucidum, in fibras scissum, quod gustui salsum erat. Metuens ego ne calculi essent præludia, cùm in comitiis Imperii, Spiræ essem, Anno 1570. cum primario Imp. Maximil. tunc temporis Medico, Cratone, ea de re contuli, qui calculum renum subsecuturum judicabat, mihique sano et alacri, atque ad multos Principes praxeos causâ vocato, terrorem incussit. Verùm Dei gratiâ, nihil inde mali secutum, sed jam penè quadraginta ab eo tempore annos, neque hoc accidenti aliisve renum aut vesicæ morbis infestor.

[Étant encore enfant, il m’est souvent arrivé d’éprouver des brûlures en urinant, mais par pudeur, je n’avais osé en parler à personne. Devenu adulte et vivant en France, cette gêne ne m’incommoda plus que très rarement. Ayant atteint l’âge mûr et m’étant marié, il me vint autre chose : le soir, quand je pissais, mon premier jet d’urine était fort trouble et comme laiteux ; néanmoins, en la laissant reposer, il se formait un sédiment de matière blanche, semblable à du lait fort épais, dont le volume équivalait à une ou deux cuillers, et quand je remuais l’urine, une fois mélangée, elle devenait trouble ; il m’arrivait parfois d’éprouver des brûlures en pissant et une certaine strangurie. {b} Cela m’a duré plus de vingt années, surtout par temps froid, mais sans autre symptôme rénal ou vésical. Me demandant ce que pouvait être cette matière, je l’ai de temps en temps laissée sécher, faisant alors apparaître un sel transparent, qui se divisait en fibres et était salé quand je le goûtai. Craignant qu’il ne s’agît là des prodromes d’un calcul et étant à la diète de Spire en 1570, {c} j’en parlai avec Crato, alors premier médecin de l’empereur Maximilien, {d} qui jugea que cela pourrait annoncer la survenue d’un calcul rénal, ce qui me frappa de terreur, alors que j’étais gaillard et en bonne santé, et appelé à soigner de nombreux princes. Néanmoins, par la grâce de Dieu, rien de tel ne m’a affligé et, bientôt quarante ans plus tard, je n’ai souffert d’aucune autre maladie des reins ou de la vessie]. {e}


  1. Bâle, Ludovicus König, 1641, in‑8o.

  2. Émission de l’urine goutte à goutte.

  3. Dernière diète impériale qui eut lieu dans cette ville de Rhénanie-Palatinat, et au cours de laquelle fut signé un traité de paix entre les couronnes germanique et hongroise.

  4. Johann Crato von Crafftheim (1519-1585), premier médecin de Maximilien ii (empereur de 1564 à 1576), vnote Patin 2/845.

  5. Il s’agissait probablement d’une affection métabolique bénigne avec présence chronique de sels dans l’urine. Crato n’avait pas tout à fait tort de craindre la survenue d’une lithiase, mais Plater eut la chance d’y échapper.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre ix, note 12.

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(Consulté le 08/12/2025)

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