Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
6. Sur la circulation du sang

Note [27]

Dans les deux Exercitationes [Essais] qu’il a écrits en 1649 pour contrer les objections de Jean ii Riolan à la circulation du sang (v. supra note [3]), William Harvey n’a parlé des anastomoses que dans le premier, avec ce passage (traduction de Charles Richet, 1879, pages 198‑199) :

« Mais, et c’est peut-être beaucoup d’audace, je dis que ni Galien ni aucune expérience n’ont pu démontrer les anastomoses, de manière à nous les faire voir, ou nous les faire toucher.

J’ai cherché avec tout le soin possible, en y consacrant toutes mes veilles et tout mon travail, à voir ces anastomoses. Jamais je n’ai pu trouver deux vaisseaux, c’est-à-dire une artère et une veine, s’unissant par leurs orifices. Je voudrais bien que ceux qui sont asservis à Galien au point d’oser jurer par lui pussent me les montrer. Ni dans le foie, ni dans la rate, ni dans les poumons, ni dans les reins, ni dans aucun viscère, il n’existe une semblable anastomose. Même quand les viscères sont cuits, au point que tout leur tissu est devenu friable et se réduit en poussière, j’ai pu détacher avec une aiguille tous les vaisseaux, et d’une manière évidente voir toutes les divisions fibrillaires et capillaires de ces vaisseaux. {a} J’ose donc affirmer hardiment qu’il n’y a d’anastomoses ni entre la veine porte et la veine cave, ni entre les veines et les artères, ni entre les capillaires cholédoques et les veines hépatiques qui se répandent dans tout le tissu du foie. {b} Seulement on peut observer sur un foie frais que toutes les ramifications de la veine cave qui pénètrent dans la convexité du foie {c} ont des parois criblées d’une infinité de petites ouvertures, lesquelles sont destinées à recevoir le sang qui y tombe comme dans une sentine. {d} Les branches de la veine porte n’ont pas la même disposition ; elles se divisent en rameaux, une partie se distribue à la portion inférieure, l’autre à la portion supérieure du foie ; ils arrivent ainsi jusqu’au bord externe de ce viscère sans anastomoses. »


  1. Par ses multiples expériences de ligature, Harvey avait fonctionnellement prouvé le passage périphérique du sang des artères dans les veines ; et cela expliquait son acharnement à trouver la preuve anatomique de leur existence, mais la cuisson des organes en avait dissous les capillaires.

  2. Original latin (Rotterdam, 1649, page 41) : ut [anastomoses] pori cholidoci capillarium ramulorum, qui, per totam hepatis simam, disperguntur cum venis [ni (d’anastomoses) des petits rameaux capillaires du méat cholédoque, qui parsèment toute la concavité du foie, avec les veines].

  3. Harvey ne pouvant bien sûr écrire que les rameaux de la veine cave pénètrent dans le foie, il s’agit d’une traduction fautive de l’original latin (ibid. supra) : omnes propagines venæ cavæ, per gibbam hepatis perreptantes [toutes les ramifications de la veine cave qui rampent sur la convexité du foie].

  4. Égout.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
6. Sur la circulation du sang, note 27.

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(Consulté le 08/12/2025)

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