Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli (1651)
Chapitre vii
Note [5]
En réfutant l’attraction, Jean Pecquet suivait la démonstration de William Harvey dans le chapitre iv, « Des mouvements du cœur et des oreillettes d’après les vivisections », de son Essai anatomique sur le Mouvement du cœur et du sang, pages 78‑79 : {a}
« Il y a dans le cœur deux mouvements, l’un pour les oreillettes, l’autre pour les ventricules qui se passent presque au même moment, mais qui ne sont pas néanmoins tout à fait simultanés. En effet, le mouvement des oreillettes précède, et celui des ventricules suit. Le mouvement semble partir des oreillettes pour gagner les ventricules. Si l’on observe ces phénomènes sur des poissons et des animaux à sang froid, on voit que lorsque le cœur plus languissant commence à mourir, entre ces deux mouvements de l’oreillette et du ventricule, il y a une certaine période de repos : le cœur excité à se mouvoir répond plus lentement à cette excitation. Enfin, touchant de plus près encore à la mort, il cesse ses contractions, faisant comme une légère inclinaison de tête ; les oreillettes font encore quelques obscurs mouvements, mais si peu perceptibles qu’il semble que ce soit plutôt un signal de mouvement pour l’oreillette que le mouvement lui-même. Ainsi le cœur cesse de battre avant les oreillettes, qui semblent survivre aux ventricules. Le ventricule gauche cesse de battre le premier, puis l’oreillette gauche, puis le ventricule droit, et enfin, comme Galien l’avait remarqué, lorsque tout mouvement a cessé et que tout est mort, l’oreillette droite continue à battre. Il semble que les dernières traces de la vie s’y soient réfugiées ; et quand le cœur paraît tout à fait mort, deux ou trois pulsations des oreillettes le réveillent. Alors il commence lentement une dernière pulsation qu’il achève lentement et avec peine.Mais ce qu’il faut surtout noter, c’est que lorsque les ventricules ont cessé de battre, les oreillettes continuent encore leurs pulsations. Si on met le doigt sur les parois des ventricules, on sent dans le ventricule des sortes de pulsations analogues aux pulsations que produit dans les artères la contraction des ventricules, ce qui est dû à la distension des artères par l’impulsion du sang. Et si, au moment où l’oreillette se contracte, on coupe la pointe du cœur, on voit le sang en jaillir à chaque contraction des oreillettes. Ce fait nous démontre comment le sang arrive dans les ventricules : c’est par la contraction des oreillettes, et non par l’attraction que produirait la distension des ventricules. »
- Traduction de Charles Richet, Paris, 1879, v. note [14], Responsio ad pecquetianos, 6e partie.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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