Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre ix
Note [7]
Abraham Zacutus Lusitanus, Praxis medica admiranda [Pratique médicale admirable], observation intitulée De Diabete, Diabetis historia mira, eiusque curatio [Du Diabète. Histoire admirable d’un cas et sa guérison], loc. cit., pages 244‑245 : {a}
Diabetes, lethalis propemodum est affectus : in quo colliquantur corpus, vrina cum nimio ardore excernitur, viscera vri videntur, pertinax sitis super sitim inexplebiter exercet, ut licèt potum assumere conentur, nunquam satientur, propterea quòd epotum per lotium citissimè excernitur. Rarus affectus. Gal. bis vidit, lib. 6. de loc. 3. Rabbi Moses nunquam. Alij semel viderunt. Ego quinquies. Tres periêre. Duo hac curati viâ euasêre. Horum vnus ætate florens ita squallidos habeat Renes, vt folia Nymphææ illis imposita, momento temporis Chartæ Pergamenæ instat durissima redderentur. Alter meracioris vini potui nimium indulgens, paruo tempore, plures ingentésque calices exiccabat, clamosâ siti oppressus, sed quicquid bibebat, illicò odore, sapore, colore inalteratum mingebat, et quod omnem fidem superat, intra horæ spatium 20. libras aquæ ebibens, eundem potum, qualem hauderat, limpidissimum, per vrinam excernebat.[Le diabète est une maladie presque toujours mortelle, où le corps se liquéfie, l’urine est émise avec une ardeur excessive, les viscères paraissent se consumer, et se manifeste une soif opiniâtre, extraordinaire et insatiable, {b} telle que, bien qu’ils boivent en quantité, les malades ne sont jamais désaltérés, car ce qu’ils boivent est éliminé à toute vitesse dans les urines. C’est une affection rare : Galien n’en a rapporté que deux cas, dans le chapitre iii, livre vi des Lieux affectés ; {c} Rabbi Moses {d} n’en a jamais vu, et d’autres seulement quelquefois. Pour ma part, j’en ai vu cinq cas, dont trois mortels et les deux autres ont survécu. {e} Le premier, à la fleur de l’âge, avait les lombes si desséchés que les pétales de nénuphar qu’on y appliquait devenaient en un instant aussi durs que du parchemin de Pergame. {f} Le second s’adonnait à la boisson excessive de vin tout pur, dont il vidait avec grande rapidité plusieurs immenses coupes, torturé par une soif retentissante, mais il pissait immédiatement tout ce qu’il buvait sans changement d’odeur, de goût et de couleur ; {g} et chose absolument incroyable, il avalait en l’espace d’une heure 20 livres d’eau, {h} et rendait le même volume d’urine, parfaitement limpide et telle qu’il l’avait bue].
- Lyon, 1637, v. note Patin 7/68.
- V. supra note [3].
- Insistance louable sur la soif (polydipsie), qui est (avec la polyurie, la polyphagie et l’amaigrissement) un des signes cardinaux du diabète sucré par carence profonde en insuline.
- Moïse Maimonide, médecin érudit de Cordoue au xiie s.
- Contrairement à aujourd’hui, le diabète était une maladie tenue pour très rare, et Hippocrate ne l’a pas décrite. Peu remarqué par les historiens, ce phénomène ne me paraît pas avoir été expliqué.
- Bergame est une ville de Turquie (Bergama, l’ancienne Troie) où aurait été inventé le parchemin. On utilisait la fleur de nénuphar en applications externes « dans les inflammations, et pour décrasser et adoucir la peau » (Chomel, 1741).
- Il est inconcevable que du vin rouge colore les urines en rouge.
- Huit à dix litres.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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