Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xiv

Note [8]

Douze livres des Miscellanea Medica [Mélanges médicaux] de Henricus Smetius, {a} livre x intitulé Rariorum aliquot morborum et symptomatum observationes per 44. annos medicinam factitando, collectæ [Observations de quelques maladies et symptômes très rares, recueillies pendant 40 années de pratique médicale], année 1579, page 542 :

Wilhelmi Roberti de Marca Principis Bullionæi, unà cum fratre Johanne Neostadii literis operam navantis, famulus quidam jejunus in subitaneum animi deliquium præcipitatus, eodemque oppressus, mox interiit, qui ante de nullo malo questus fuerat. In cujus anatome Domini jussu facta, dexter cordis ventriculus simul cum auricula ejusdem, nigro, crasso, coagulatoque aut thromboso sanguine, multoque flatu distentus apparebat. Quin et in sinistro cordis sinu, non roseus, floridusque aut ex rubro flavescens sanguis, qualis arteriarum esse solet : sed nigricans quoque crassusque necis quidem copiosus sese obtulit. Qua sanguinis cacochymia et crassitie, vitalis spiritus suffocatus fuisse videtur. In Augusto.

[Tandis que Wilhelmus Robertus de Marca, {b} prince de Bouillon, travaillait aux lettres en compagnie de son frère Jean de Neustadt, leur valet, un homme très maigre qui ne s’était précédemment plaint d’aucun mal, fut subitement saisi d’oppression, perdit conscience et mourut peu après. À l’ouverture du corps, sur l’ordre de son maître, on trouva l’oreillette et le ventricule droits dilatés par du sang noir, épais, et coagulé ou thrombosé, avec beaucoup de flatuosité. Dans la cavité gauche du cœur, le sang n’était pas vermeil et rutilant ou tirant sur l’orange, comme on le voit ordinairement dans les artères, mais noirâtre et épais, et en telle abondance qu’il provoqua la mort subite. Il semble que la cacochymie et l’épaississement du sang ont étouffé l’esprit vital]. {c}


  1. Heinrick Smet, médecin flamand, professeur de médecine à Heidelberg, mort en 1614, ouvrage paru à Francfort en 1611 (vnote Patin 17/181).

  2. Guillaume-Robert de La Marck (1563-1588), prince de Sedan.

  3. L’autopsie ne décrit pas les parois du cœur, mais le diagnostic est compatible avec une nécrose massive du myocarde ayant entraîné une thrombose extensive des cavités cardiaques (que Thomas Bartholin s’obstinait à mettre sur le compte d’un assèchement du sang dû à une obstruction des lactifères).


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xiv, note 8.

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(Consulté le 08/12/2025)

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