Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre vi

Note [9]

Jean Pecquet aurait pu concevoir une expérience plus élégante que ce carnage pour analyser les différences entre les sangs artériel et veineux. J’ignore quelle « vapeur » (vapor) quiconque aurait pu s’attendre à voir émaner du sang ainsi épanché. V. note [31], première Responsio de Jean ii Riolan, 6e partie, pour sa critique de ce passage et un copieux complément sur la stricte identité des sangs artériel et veineux défendue par William Harvey.

Pecquet ne remarquait pas le jaillissement pulsé du sang hors des artères car nul ne contestait ce fait évident. Les avis divergeaient seulement sur ce qu’il fallait en déduire pour et surtout contre la circulation : ses adversaires jugeaient que l’impétuosité et la célérité du mouvement créé par les battements du cœur étaient telles qu’elles ne permettaient pas au sang artériel de libérer ses « esprits vitaux » à la périphérie du corps et de les restaurer dans le cœur, et qu’elles étaient donc tout simplement incompatibles avec la vie ; les artères ne semblaient battre que pour procurer un ventilateur, un radiateur et une soupape à la circulation veineuse, censée être beaucoup plus douce et calme. L’ignorance des capillaires bloquait le raisonnement de ceux qui n’avaient pas l’audace d’en postuler l’existence, comme a fait Pecquet (après Harvey) avec ses anastomoses du chapitre précédent.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre vi, note 9.

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(Consulté le 08/12/2025)

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