Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre vi, note 1.
Note [1]

En hydraulique, {a} un siphon est un « tuyau recourbé dont les jambes sont inégales, et dont on se sert pour faire passer une liqueur d’un vase dans un autre » ; {b} c’est-à-dire de la plus longue vers la plus courte.

Je n’ai pas identifié les « philosophes de grand renom » qui ont recouru au siphon pour expliquer le mouvement du sang. Dans ses copieuses critiques de la circulation harvéenne, Pierre Gassendi {c} n’y a fait qu’une allusion, en employant les verbes exsugi, « être sucé », et percolari, « être filtré », pour expliquer le passage imaginaire du sang du ventricule droit dans le gauche au travers de la perforation qu’il supposait exister entre eux. {d}

Dans le présent chapitre, Jean Pecquet veut combattre l’idée qu’un phénomène de siphon explique le retour du sang veineux au cœur ; mais en se fondant sur un raisonnement difficile, voire impossible à comprendre aujourd’hui. {e}


  1. V. note [3], Dissertatio anatomica, chapitre ix.

  2. Dictionnaire de l’Académie française, 1762.

  3. V. note [4], Experimenta nova anatomica, chapitre vi.

  4. Second extrait de l’Epistolica exercitatio [Essai épistolaire] de Gassendi sur la philosophie de Robert Fludd (1630), cité dans la note Patin 28/152.

    Dans le Discours sceptique (Leyde, 1648, cité dans la même note Patin), que Samuel Sorbière a signé mais que Gassendi a écrit, on lit en outre cette Comparaison fort à propos (pages 124‑126), qui ne se fonde pas sur le sens hydraulique, mais météorologique du mot siphon, qui est celui d’ouragan (trombe ou typhon, où le vent se déplace de la plus haute vers la plus basse pression) :

    « Je ne saurais vous mieux comparer ce mouvement du sang qu’à celui de l’air lorsque le vent souffle dans une fenêtre ouverte. Si la chambre est partout ailleurs bien fermée, il n’y fait aucune impression car, étant une fois pleine, il n’y en entre pas davantage ; mais si vous faites quelque trou par lequel le vent puisse sortir, vous sentirez incontinent avec quelle violence il entre et sort par cette ouverture. Ce qui me confirme d’ailleurs en cette pensée est qu’en la section de l’artère, le sang ne coule pas uniforme, mais rejaillit en chaque systole (bien qu’il me semble la plupart du temps, à cause du peu d’intervalle qu’il y a d’une pulsation à l’autre, que ce soit plutôt en la diastole), de même que le vent en notre exemple entre et sort par secousses et par ondées, presque tout ainsi que les flots de la mer qui s’entresuivent. Cette considération toute seule me semble capable de renverser de fond en comble tous les raisonnements de Harvey : car si le sang passe de l’artère dans la veine, il ne doit pas en la phlébotomie couler uniformément comme il fait, mais rejaillir à diverses reprises, n’y ayant aucune raison qui l’oblige de changer son cours en changeant de canal. »

  5. V. infra notes [9] et [10].

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre vi, note 1.

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(Consulté le 08/12/2025)

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