Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre x, note 7.
Note [7]

Praxis medica admiranda [Pratique médicale admirable] d’Abraham Zacutus Lusitanus, {a} observation intitulée Molæ aquosæ exemplum admirandum [Observation remarquable de mole aqueuse], loc. cit. pages 336‑337 :

Fœmina quædam benè colorata, nullo infestante laxo in pedibus, aut manibus tumore, aut vitio interno, tumorem vteri magnum passa est mensibus septem. Menstrua sunt restricta, prægnantem se esse putabat, donec ad vndecimum perueniens, de conceptu desperans, muliercularum consilio syrupum factum ex decocto Nepitæ, Pulegij, et Cæpæ albæ cum Saccharo decem diebus assumit. Hoc facto, copiosa aquæ citrinæ quantitas pondo librarum octo per vterum est vacuata. Subsidente aliqualiter ventre auxilium idem iterum in maiori quantitate ebibit, dosi nempe quatuor vnciarum. Sed quo euentu audi : Nam 20. diebus per vterum velut perennem fontem, tanta aquæ sero lactis simillimæ copia emanauit, vt iudicio suo quotidie, quinque, aut sex libræ profluerent ; sine dolore, ardore, pruritu, aut acredine ullâ. Hoc humore excreto, debilissima remansit, sed detumescente ventre, refectis viribus ad se reddit. Et ne in idem vitium laberetur, Diacurcuma cum maluatico, miro fuit auxilio. Vide Hildanum lib. 2. centur. Chururgicar. 53.

[Une femme de bon teint, sans œdème des chevilles, ni enflure des mains, ni affection interne, souffrait depuis sept mois d’un important gonflement de l’utérus. Ses règles étant supprimées, elle pensait être enceinte ; mais parvenue au onzième mois et désespérée de ne pas être délivrée, elle prit pendant dix jours, sur le conseil d’une bonne femme, un sirop composé d’une décoction de cataire, de pouliot et d’oignon blanc ; {b} ensuite de quoi elle évacua une copieuse quantité d’eau citrine, équivalant à un poids de huit livres. {c} Son ventre ne s’étant qu’incomplètement détendu, elle but une nouvelle dose plus forte de ce remède, atteignant quatre onces, {d} mais écoutez ce qui arriva : de l’utérus, comme d’une source ininterrompue, s’écoula pendant vingt jours une telle abondance de liquide, tout à fait semblable à du petit-lait, qu’elle en estimait le volume quotidien à cinq ou six livres ; et ce sans aucune douleur, fièvre, démangeaison ou âcreté. Après avoir vidé cette humeur, elle resta très affaiblie, mais son ventre étant dégonflé, elle récupéra ses forces et sa bonne santé ordinaires. Elle tira grand profit du curcuma et de la mauve, {e} qu’on prescrivit pour quelle ne retombe pas dans le même mal. Voyez Hilden livre ii Centur. chirurgicar. liii]. {f}


  1. Lyon, 1637, v. note [7], Historia anatomica, chapitre ix.

  2. Comme l’oignon, la cataire ou herbe aux chats et le pouliot étaient propres à provoquer les règles.

  3. Environ 3 kilogrammes, soit autant de litres.

  4. Environ 130 grammes.

  5. Le curcuma, ou safran d’Inde, était censé guérir la jaunisse et l’hydropisie ; la mauve était rafraîchissante.

  6. Renvoi à la centurie ii, liii, des Observationes chirurgicarum de Guillaume Fabrice de Hilden (Lyon, 1641, v. note [4‑2], Historia anatomica, chapitre iii), observation similaire intitulée De Mola aquosa (tome premier, pages 219‑220).

    Ces manifestations traduisent la rupture d’une môle (vnote Patin 21/419) hydatiforme (formée de kystes aqueux).


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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre x, note 7.

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(Consulté le 08/12/2025)

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