Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xiv, note 6.
Note [6]

Guy Patin a été doyen élu de la Faculté de médecine de Paris de novembre 1650 au même mois de 1652. Thomas Bartholin a plus tard détaillé ce qui peut correspondre à ce cas dans sa deuxième centurie d’Historiarum anatomicarum [Observations anatomiques], {a} historia vii, Thoracis Hydrops ejusque Anatome [Hydropisie thoracique et son anatomie] (pages 156‑157) :

Thomas Cartier, Notarius in Prætrorio Parisiensi, annos natus 57. temperamento sanguineo bilioso, vergente ad atrabilium, Vir probus et ingeniosus, laborabat tussicula et febricula : Utrumque symptoma adauctum in eam magnitudinem, ut coactus fuerit decumberte. Febris nocturna gravior cum anhelitus difficultate penè suffocante, dolor etiam per intervalla acutus ad latus sinistrum supra regionem lienis. Tumor pedum neque die neque noctu desinens. Audauctis omnibus symptomatis successit febris aucta, continua, maligna, quæ hominem è vivorum numero ante septimum diem sustulit. Quatuor mensibus ante mortem, erat planè ασφυξος. In dissecto cadavere deprehensæ sunt in toto thorace fluctuantis serosi humoris putris et graveolentis Libræ Parisienses decem : Pulmo totus putrilaginosus, præserim in parte sinistra. Lien quoque majore sui parte putris et fœtido ichore plenus. Ασφυξιας nulla alia deprehensa fuit causa, præter decem aut duodecim grumos sanguinis crassi, nigri concreti, collecti et stabulantis in ipso ductu aortæ prope Cor.

Obiit Parisiis mense Octobri 1645. me præsente, sicut testis mihi est Guido Patinus doctor Parisiensis summæ eruditionis, cui hoc aliisque nominibus plurimum debeo.

[Thomas Cartier, secrétaire au Parlement de Paris, homme probe et intelligent, de tempérament sanguin et bilieux, avec une tendance atrabilaire, souffrit d’une toux et d’une fièvre légère en sa 57e année d’âge. L’intensité de ces deux symptômes augmenta à tel point qu’il dut s’aliter. La fièvre était plus forte la nuit avec une gêne à respirer qui confinait à la suffocation, et par moments, une douleur aiguë du côté droit au-dessus de la région splénique. Présent le jour, l’œdème des pieds ne disparaissait ni la nuit ni le jour. Les signes s’aggravèrent et survint une fièvre plus intense, continue et maligne qui emporta le malade en sept jours. Dans les quatre mois qui ont précédé sa mort, il avait été franchement asphyxique. À l’ouverture du cadavre, on trouva que tout le thorax était inondé par un liquide séreux, putride et malodorant, dont le volume égalait dix livres de Paris. {b} Les poumons étaient entièrement putréfiés, surtout du côté gauche, et la plus grande partie de la rate était atteinte de la même putréfaction, pleine d’une sanie fétide. On n’a rien trouvé d’autre qui pût expliquer l’asphyxie, hormis dix ou douze grumeaux de sang épais, noir et solidifié, qui étaient groupés et accrochés à la paroi interne de l’aorte près du cœur. {c}

Il est mort sous mes yeux à Paris au mois d’octobre 1646, comme peut en témoigner pour moi Guy Patin, fort savant docteur de Paris ; ce pourquoi je lui suis fort redevable ainsi qu’à d’autres titres]. {d}


  1. La Haye, 1654, vnote Patin 18/352.

  2. Autour de cinq litres.

  3. Une endocardite infectieuse de la valve aortique est un des diagnostics possibles.

  4. La première lettre qu’on ait de Patin à Bartholin est datée de Paris, le 20 juin 1647. Aucune des 39 qui forment leur correspondance connue ne correspond à cette observation.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xiv, note 6.

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(Consulté le 08/12/2025)

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