Texte : Observationes de Venis lacteis (1655).
3. Réponse de Jean ii Riolan
à Charles Le Noble, note 8.
Note [8]

Jean ii Riolan défendait énergiquement le fondement de la théorie humorale (humorisme) prônée par Hippocrate et amplifiée par Galien, dont le dogme principal établissait que la santé et les maladies dépendent du mélange équilibré ou perturbé des quatre humeurs corporelles, sang, bile, atrabile et pituite.

Le traité hippocratique sur la Nature de l’homme ne contient qu’un seul livre divisé en 15 chapitres. Le 2e me semble clairement exposer ce que Riolan voulait dire (Littré Hip, volume 6, pages 35‑37) :

« Quant aux médecins, suivant les uns l’homme n’est que sang, suivant les autres que bile, suivant d’autres que pituite ; et eux aussi tiennent tous le même raisonnement. Ils prétendent en effet qu’il y a une substance unique (choisie et dénommée arbitrairement par chacun d’eux), et que cette substance unique change d’apparence et de propriété sous l’influence du chaud et du froid, devenant de la sorte douce, amère, blanche, noire, et tout le reste. À mon avis, cela non plus n’est point ainsi. En opposition à ces opinions et à d’autres très voisines que la plupart soutiennent, moi je dis que si l’homme était un, jamais il ne souffrirait ; car où serait, pour cet être simple, la cause de souffrance ? Admettant même qu’il souffrît, il faudrait que le remède fût un aussi. Or, les remèdes sont multiples. Il y a en effet dans le corps beaucoup de substances qui, s’échauffant et se refroidissant, se desséchant et s’humectant l’une l’autre contre nature, produisent des maladies ; d’où il suit qu’il y a beaucoup de formes de maladies et en même temps beaucoup de traitements pour ces formes ; suivant moi, soutenir que l’homme n’est que sang et rien autre chose, oblige à montrer qu’il ne change pas de forme ni ne prend toutes sortes de qualités, et à signaler une époque, soit dans l’année, soit dans l’âge, où le sang seul paraisse existant ; car il faut bien qu’il y ait au moins une époque où cette humeur se fasse voir exclusivement. Mon objection est la même contre ceux qui prétendent que l’homme n’est que bile ou pituite. Quant à moi, les principes que je dirai constituer l’homme, et dans le langage habituel et dans la nature, je montrerai qu’ils sont constamment et identiquement les mêmes, et dans la jeunesse, et dans la vieillesse, et dans la saison froide, et dans la chaude ; je donnerai les signes et dévoilerai les nécessités de l’accroissement et de la diminution de chaque principe dans le corps. »

À mon sens, Riolan reprochait à Charles Le Noble d’avoir trop défendu, dans sa lettre, l’idée que tout le chyle se transformait en sang, sans garder son essence pituiteuse.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Observationes de Venis lacteis (1655).
3. Réponse de Jean ii Riolan
à Charles Le Noble, note 8.

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(Consulté le 08/12/2025)

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