Texte : Jean Pecquet
Experimenta nova anatomica (1651)
Chapitre i, note 10.
Note [10]

Aristote, {a} Les parties des animaux, livre ii, chapitre i, § 16‑17 : {b}

« Le cœur en effet se divise en éléments similaires, comme se divisent aussi tous les autres viscères ; mais par sa configuration et sa forme, il est une partie non similaire. {c} Tous les organes qu’on appelle des viscères sont dans le même cas que le cœur ; et ils se composent de la même matière que lui. La nature de tous ces viscères est sanguine, parce qu’ils sont posés sur des vaisseaux veineux et sur leurs ramifications. Semblables au limon d’une eau courante, tous les autres viscères sont comme les embranchements du courant du sang s’écoulant dans les veines ; {d} mais le cœur, qui est le principe des veines, et qui renferme en lui l’initiative et la faculté première d’élaborer le sang, {e} doit, par une suite inévitable, être formé lui aussi de la même nourriture que celle qu’il reçoit. »


  1. Les écrits d’Aristote, philosophe et naturaliste grec du ive s. av. J.‑C., « le prince des péripatéticiens » (vnote Patin 15/80), conservaient au xviie s. une profonde influence sur la pensée médicale.

  2. Traduction de Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, 1891.

  3. Organe impair (« non similaire »), le cœur contient deux parties symétriques, le cœur droit, veineux, et le gauche, artériel.

  4. Les veines sont à comprendre comme l’ensemble des vaisseaux sanguins, qu’on distingue en veines (qui vont au cœur) et en artères (qui en partent).

  5. La postérité d’Aristote avait battu ce précepte en brèche : après Galien, le foie, et non le cœur, était devenu l’organe où se forme le sang à partir des aliments (hématose ou sanguification). Les deux points de vue étaient faux, mais emporté par la splendeur de sa découverte et aussitôt suivi par Thomas Bartholin, Jean Pecquet voulait rendre au cœur la fonction qu’il avait perdue, en montrant qu’il était le premier destinataire du chyle digestif.

    La fin de la lettre de Jacques Mentel à Jean Pecquet procure de plus riches détails sur ce désaccord historique entre Aristote et Galien.


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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean Pecquet
Experimenta nova anatomica (1651)
Chapitre i, note 10.

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(Consulté le 13/07/2025)

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