Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
seconde Responsio aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1654)
3. Première partie, note 3.
Note [3]

Galien, loc. cit., chapitre vi, dans un long passage sur les vertus de la dissection (Kühn, volume 15, pages 133‑135, traduit du grec) :

Ut enim si quis Cretam esse insulam negaverit, statim ab omnibus qui id audierint despicietur : quippe qui probe noverint eam esse insulam. Sic quis canibus quatuor esse ventres affirmaverit, unicum vero ruminantibus : hunc illi qui in ruminantibus quatuor et unum in canibus inspexere, facile deridebunt. Id ipsum quoque de venarum sectione dicas ; nam a sensu, non a demonstratione hujusce rei petendum est judicium. Porro quoadusque illi qui in hac re discordes sunt, in suis chartis quicquid illis visum sit descripserint : veritas eos qui sectionis imperiti sunt latebit. Sic itaque cum in hoc præsenti sermone in controversiam venerimus cum his qui ausi sunt affirmare quatuor venarum paria a capite in corpus descendere, dissectionis rudibus nullam possumus validam scriptis afferre demonstrationem, nempe quod demonstratione, sed sensu judice egeat : nisi quis forte velit ea proponens quæ de judicanda historia tum a multis tam philosophis quam medicis tum vel maxime ab empiricis tradita sunt, horum institutis usus judicium afferre. Et equidem antiquiorum judicia atque etiam consensum auctorum minime fugerim, dum illi qui scripsere, fuerint in re de qua scripsere consummati, quemadmodum in dissectatoria disciplina Eudemus et Herophilus, Crateuas et Dioscorides in metallicis medicamentis. Quod si quis hujuscemodi subterfugiat judicium, non modo non poterit octo venas a capite descendentes demonstrare, verum neque tres neque duas, quia una tantummodo vena est et ea maxima quæ cava appellatur, a gibbo jecinoris per totam animalis longitudinem protracta.

[Si quelqu’un nie que la Crète est une île, tous ceux qui l’entendront le mépriseront, car ils savent parfaitement que la Crète est une île. De même, si quelqu’un affirme que les chiens ont quatre estomacs, tandis que les ruminants n’en ont qu’un, il sera la risée de ceux qui ont constaté la présence d’un estomac chez les chiens et de quatre chez les ruminants. Tu en diras autant sur la dissection des veines, où l’on ne doit fonder son jugement que sur la perception des sens et non sur le raisonnement ; et ce tant que ceux qui sont en désaccord sur la question n’auront pas publié et précisément décrit ce qu’ils ont vu, car la vérité échappe à ceux qui ne savent pas disséquer. Voilà pourquoi, dans le présent discours, nous engageons une controverse avec ceux qui ont osé affirmer que quatre paires de veines descendent dans le corps depuis la tête, parce que la dissection des bêtes n’a pu nous fournir aucune confirmation solide de ce qu’ils ont écrit, et que le juge a besoin d’une démonstration fondée sur les sens et non sur le raisonnement ; à moins peut-être de vouloir s’en référer aux autres manières de juger qu’ont proposées maints auteurs, tant philosophes que médecins, surtout empiriques. Je ne chercherai guère refuge dans les avis des Anciens, non plus que dans ce dont ils sont convenus, même s’ils ont été fins connaisseurs du sujet sur lequel ils ont écrit, comme furent Eudème et Hérophile pour la dissection anatomique, ou Cratevas et Dioscoride pour les médicaments métalliques. {a} Si quelqu’un veut contester ma sentence, il ne parviendra pas à démontrer qu’existent huit veines descendant de la tête, ni même trois, voire seulement deux, car il n’y en a qu’une : elle est de grande taille, on l’appelle la veine cave et elle parcourt toute la longueur de l’animal en partant de la convexité du foie]. {b}


  1. V. notes [15], lettre de Jacques Mentel pour Hérophile et [2] supra pour Eudème. Cratevas serait un médecin et botaniste du Pont au ier s. av. J.‑C. dont les écrits ont été perdus. La pharmacopée de Dioscoride (ier s. de notre ère, vnote Patin 7/103) était essentiellement végétale et animale, avec un petit nombre de remèdes proprement métalliques (chimiques), qui n’ont vraiment pris leur essor qu’au xvie s., avec Paracelse (v. infra note [26]).

  2. Il n’est pourtant pas incongru de dire que deux paires de veines descendent de la tête, les deux jugulaires internes en avant et les deux vertébrales en arrière.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
seconde Responsio aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1654)
3. Première partie, note 3.

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(Consulté le 18/04/2025)

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