Jean ii Riolan se moquait ouvertement de Jean Pecquet en citant deux auteurs antiques qui ont prétendu que l’urine ne venait pas des reins.
- Les écrits d’Asclépiade de Pruse (en Bithynie), médecin gréco-romain du iie s. av. J.‑C., ont disparu, mais Galien les a copieusement blâmés. Il a parlé de ses idées sur le sujet dans le chapitre xiii, livre i « sur les Facultés naturelles » (Kühn, volume 2, page 39, traduit du grec) :
Ad excrementorum vero expurgationem quum nihil prorsus, quod afferre posset, haberet, non dubitavit iis, quæ sensui apparent, contradicere : in urinæ quidem separatione tum renes tum ureteres functione sua privans, ac incertos quosdam invisibilesque meatus ad vesicam statuens.
[Quant à l’élimination des excréments, bien qu’il n’eût aucun argument pour le prouver, il ne doutait pas de contredire ce qui tombe sous le sens : privant les reins et les uretères de leur fonction dans la production de l’urine, il disait qu’elle arrive dans la vessie en passant par des méats douteux et invisibles].
- Lactance, rhéteur chrétien du iiie s., {a} a suivi l’aberration d’Asclépiade, dans son livre de Opificio Dei [sur l’Ouvrage de Dieu], à la fin du chapitre xi, sur les intestins de l’homme et leur fonction : {b}
Vesica, cuius usum volucres non habent, quum sit ab intestinis separata, nec ullam habeat fistulam, qua ex illis urinam trahat, completur tamen, et humore distenditur. Id quomodo fiat, non est difficile pervidere. Intestinorum enim partes, quæ ab alvo cibum potumque suscipiunt, patentiores sunt, quam cæteræ spiræ, et multo tenuiores. Hæ vesicam circumplectuntur et continent. Ad quas partes quum potus et cibus mista pervenerint, fimum quidem crassius sit, et transmeat, humor autem omnis per illam teneritudinem percolatur ; eumque vesica, cuius æque tenuis subtilisque membrana est, absorbet et colligit, ut foras, qua natura exitum patefecit, emittat.
[La vessie, qui est absente chez les oiseaux, bien qu’elle soit séparée des intestins et ne possède aucune fistule par où en tirer l’urine, se remplit pourtant d’humeur et se distend. Il n’est pas difficile de comprendre comment cela se fait : les parties des intestins qui reçoivent le manger et le boire mêlés sont plus perméables et beaucoup plus fines que leurs autres circonvolutions ; elles s’enroulent autour de la vessie et l’embrassent. Quand le boire et le manger parviennent mélangés dans ces parties, ce fumier, bien que fort épais, traverse leur paroi et toute son humeur est filtrée en raison de sa tendreté ; la vessie, dont la membrane est également fine et subtile, l’absorbe et la recueille alors, pour la chasser au-dehors par l’orifice dont la nature l’a pourvue].
- V. note Patin 16/9027.
- Opera omnia, page 245, seconde colonne, édition de Rome, 1650, in‑4o.
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