Dans le long chapitre xxiii, De Liene, livre ii (pages 136‑137) de son Anthropographie, {a} Jean ii Riolan a commenté le passage d’Aristote qu’il citait à nouveau, {b} avec ce commentaire :
Sujungit, Animalibus quibus Pulmones magni sunt, et multùm potus desiderant, magnum inesse Lienem : iis verò quæ pulmonibus carent, nec multùm potus requirunt, exiguumn aut nullum Lienem datum fuisse. Qui octo vel decem libras aquarum medicatarum ebibunt, quas intra tres vel quatuor horas continenter meiendo excernunt, per quos ductus tam citò feruntur ad Renes ? An ab Intestinis per mesaraicas venas ad Hepar traducuntur, ab Hepate per venam Cauam ad Renes decurrunt ? Hæc via longa est, et nimis ambagiosa : Brevior est magisque recta, si aqua ex Ventriculo per Vas breve à Liene rapiatur, inde per arteriam Splenicam, mox à trunco Aortæ per Emulgentes arterias ad Renes deriuetur.
[Il {c} ajoute que la rate est grande chez les animaux qui ont de grands poumons et ont besoin de boire beaucoup ; tandis que ceux qui n’ont pas de poumons et boivent peu ont une petite rate ou n’en ont pas. Ceux qui ingurgitent quatre ou cinq litres d’eaux minérales les pissent continuellement pendant trois ou quatre heures, mais par quels conduits gagnent-ils si rapidement les reins ? Sont-ils conduits des intestins dans le foie, par les veines mésaraïques, puis descendent-ils du foie dans les reins par la veine cave ? Cette voie est longue et fort sinueuse ; une plus brève et beaucoup plus directe va de l’estomac à la rate par le vas breve, {d} puis par l’artère splénique, immédiatement dans l’aorte, pour gagner les reins par les artères émulgentes].
- Paris, 1649, v. supra note [19].
- V. note [31] de sa première Responsio, 4e partie.
La référence hippocratique dont Aristote se serait inspiré est au § 37, livre iv des Maladies (Littré Hip, volume 7, pages 553‑555) :
« Je dis que quand on boit trop, l’eau est attirée du ventre et par le corps et par la rate, et que si elle pompe plus qu’il ne faut, le sujet souffre aussitôt ; ceux qui ont quelque affection de la rate s’en aperçoivent fort bien. La rate ayant pompé, le mieux est que la vieille eau qui est dans la rate soit filtrée dans la vessie ou dans le ventre, et expulsée par ces voies. En effet, l’eau de la rate ne se purge pas par les parties supérieures, si ce n’est le peu qui est dans les vaisseaux provenant de la rate ; et la seule purgation est par le ventre et la vessie ; mais si ces voies ne sont pas libres et qu’il n’y ait pas filtration, l’eau va de la rate dans les parties inférieures, et de là se mêle au reste de l’humeur ; si elle est en petite quantité, elle ne se fait pas sentir, mais elle est filtrée hors du corps, dans la vessie et dans le ventre, par les veines, car il y a beaucoup de veines, venant du corps, qui, devenues plus sèches qu’elles n’étaient auparavant, puisent dans les parties inférieures ; mais si une nouvelle eau est produite, et que le ventre et la vessie ne l’expulsent pas, la rate se gonfle et les parties inférieures du corps deviennent douloureuses. Voilà mon explication comment et pourquoi l’eau s’augmente dans le corps par la boisson, et comment la rate attire. »
- Aristote.
- V. note [20], Dissertatio anatomica, chapitre xi, pour cette fiction anatomique.
|