| Note [10] | |
La chaleur innée, ou native, était tenue pour la source de toute vie animale, essentiellement produite par le cœur (v. notule {a}, note Patin 14/150) et véhiculée par le sang (esprit vital). En simplifiant, on pourrait l’assimiler à la faculté que la physiologie moderne attribue à l’oxygène. L’argumentaire de Jean Pecquet, aujourd’hui difficile à suivre, tend à prouver que ladite chaleur, véhiculée et conservée par le sang artériel, contraste avec la froideur des parties périphériques, d’où le sang veineux revient au cœur. Ce froid est tout spécialement marqué dans les parties génitales masculines, car on savait déjà que la formation du sperme dans les testicules exige une relative fraîcheur. En allant plus loin, Pecquet et ses contemporains pensaient que les variations régionales et temporelles de l’équilibre entre le chaud et le froid réglaient la vie du corps et les envies qu’il éprouve, comme celles de manger ou de dormir. La chaleur corporelle se dissipait aussi par les pores, dont Thomas Corneille {a} a donné cette instructive définition : « “ Petit trou, ouverture presque imperceptible dans la peau de l’animal, par où se fait la transpiration, par où sortent les sueurs et par où les vapeurs s’exhalent ” (Académie française). Outre les pores de la peau qui partent de chaque petite glande, {b} il y a d’autres pores moins visibles, mais qui distillent beaucoup de lymphe, quand on presse la peau après en avoir ôté la surpeau. Ce sont les orifices des artères capillaires qui, étant corrodés {c} ou relâchés par quelque médicament âcre, ramassent la liqueur en manière de vessies. Il y a de troisièmes pores, savoir les points indivisibles du corps qui est tout transpirable, par où s’exhalent les plus petites vapeurs, et celles que la solidité ne peut retenir. On a remarqué que ceux qui ont les pores ouverts vont moins souvent à la selle que ceux qui ont le cuir épais. La raison est que les derniers transpirant peu, ce qui est retenu se précipite en en-bas, d’où vient que cette habitude du corps les rend sujets à la diarrhée. […] Ce mot est grec poros, passage, de peirein, passer. » |
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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Texte : Jean Pecquet Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et motu chyli (1651) Chapitre v, note 10. Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=0025&cln=10 (Consulté le 08/12/2025) |