| Note [12] | |
René Descartes avait alors donné une très claire (mais incomplète) description illustrée de l’éolipyle dans le Discours quatrième, Des Vents, pages 189‑191, de son Discours de la Méthode pour bien conduire la raison et chercher la vérité dans les sciences. Plus la Dioptrique, les Météores et la Géométrie, qui sont les essais de cette Méthode : {a} « Toute agitation d’air qui est sensible se nomme vent, et tout corps invisible et impalpable se nomme air. Ainsi lorsque l’eau est fort raréfiée et changée en vapeur fort subtile, on dit qu’elle est convertie en air, nonobstant que ce grand air que nous respirons ne soit, pour la plus < grande > part, composé que de parties qui sont fort différentes de celles de l’eau, et qui sont beaucoup plus déliées. {b} Et ainsi l’air étant chassé hors d’un soufflet, ou poussé par un éventail, se nomme vent ; nonobstant que ces vents plus étendus qui règnent sur la surface de la mer et de la terre, {c} ne soient ordinairement autre chose que le mouvement des vapeurs qui, en se dilatant, passent d’un lieu où elles sont en quelque autre où elles trouvent plus de commodité de s’étendre. En même façon qu’on voit en ces boules nommées éolipyles {d} qu’un peu d’eau s’exhalant en vapeur fait un vent assez grand et assez fort à raison du peu de matière dont ils se composent. Et pource que ce vent artificiel nous peut beaucoup aider à entendre quels sont les naturels, il sera bon ici que je l’explique. ABCDE est une boule de cuivre ou quelque autre matière, toute creuse et toute fermée, excepté qu’elle a une fort petite ouverture en l’endroit marqué D ; {e} et la partie de cette boule ABC étant pleine d’eau, et l’autre, AEC, étant vide, c’est-à-dire ne contenant que de l’air, on la met sur le feu ; {f} puis la chaleur agitant les petites parties de l’eau, fait que plusieurs s’élèvent au-dessus de la superficie AC, où elles s’étendent et s’entrepoussent en tournoyant, et font effort pour s’écarter les unes des autres en la façon ci-dessus expliquée. Et pource qu’elles ne peuvent ainsi s’écarter qu’à mesure qu’il en sort quelques-unes par le trou D, toutes les forces dont elles s’entrepoussent conspirent ensemble à chasser par là toutes celles qui en sont les plus proches, et ainsi elles causent un vent qui souffle de là vers F. Et pource qu’il y a toujours de nouvelles parties de cette eau qui, étant enflées par la chaleur au-dessus de cette superficie AC, s’étendent et s’écartent l’une de l’autre, à mesure qu’il en sort par le trou D, ce vent ne cesse point que toute l’eau de cette boule ne soit exhalée, ou bien que la chaleur qui la fait exhaler n’ait cessé. » |
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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Texte : Jean Pecquet Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et motu chyli (1651) Chapitre ix, note 12. Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=0029&cln=12 (Consulté le 08/12/2025) |