Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iv, note 11.
Note [11]

« Car les eaux se gâtent si elles croupissent », Ovide. {a}

V. notes [25], Brevis Destructio, chapitre iii, et [25], Responsio ad Pecquetianos, 4e partie, pour les ligatures expérimentales du mésentère puis de la veine porte chez l’animal vivant, dont Jean ii Riolan jugeait les résultats impossibles ou faux.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie à deux passages du Ioannis Riolani Tractatus de Motu Sanguinis eiusque Circulatione vera ex doctrina Hippocratis [Traité de Jean Riolan sur le Mouvement du sang et sa véritable Circulation, conformément à la doctrine d’Hippocrate]. {b}

  • Page 21, chapitre v, De Circulatione Sanguinis ex Hippocratis doctrina [La Circulation du sang d’après la doctrine d’Hippocrate] :

    […] statuo Sanguinem ad portas Cordis cunctantem, cum delectu paulatim admitti, quantûm Cor indigeat, traduci per septum Cordis in ventriculum sinistrum, inde in Aortam transmitti, atque ista traductio Sanguinis est admodum parca, quamdiu corpus detinetur in placido et tranquillo statu, alioquin, si violenter exerceatur, tum Cor vehementer agitatum, vel ardore febrili coactum, suos motus accelerat, atque maiore copia Sanguinis attrahitur in Cor ; Tunc vberior Sanguis, cum non possit per septum Cordis traduci, per venam arteriosam amandatur in pulmones, ab his in ventriculum sinistrum, inde in Aortam emittitur, itque reditque viam, quamdiu violentus iste motus durabit. Hæc traductio Sanguinis non est Totius, sed tantum partis alicuius ad continuationem motus in Corde ; Nihilominus ista Circulatio Sanguinis valeat ad extensionem caloris, et Sanguinis ventilationem ; Nam vitium capiunt, ni moveantur aquæ.

    Multum credo mihi differt, an à fonte bibatur
    Qui fluit, an pigro quæ stupet unda lactu.

    [(…) j’établis que le sang attend à l’entrée du cœur, pour y être admis petit à petit, après avoir été trié, selon la quantité dont le cœur a besoin ; il gagne ensuite le ventricule gauche en traversant la cloison interventriculaire, {c} puis passe dans l’aorte ; ce passage du sang est fort parcimonieux tant que le corps se trouve dans un état calme et paisible ; mais quand il accomplit un violent exercice ou quand il est pressé par une fièvre ardente, le cœur s’agite vivement, accélère ses mouvements et attire à lui une grande quantité de sang ; ne pouvant traverser le septum interventriculaire, elle est déviée dans les poumons en passant par la veine artérieuse, {d} d’où elle revient dans le ventricule gauche puis est envoyée dans l’aorte ; elle fait et refait ce parcours aussi longtemps que dure ce mouvement accéléré. La totalité du sang n’emprunte pas ce chemin, mais seulement sa portion nécessaire à la continuation de son mouvement dans le cœur. Cette circulation du sang permet néanmoins la distribution de la chaleur et l’aération du sang, car vitium capiunt, ni moveantur aquæ.

    Multum credo mihi differt, an à fonte bibatur
    Qui fluit, an pigro quæ stupet unda lactu
    ]. {e}

  • Pages 48‑49, chapitre xv, Utilitates Circulationis Sanguinis declarantur : Sanguinem etiam redire posse naturaliter in arterias, et per venas etiam descendere [Description des utilités de la Circulation du sang : il peut aussi remonter au cœur par les artères et en descendre par les veines] :

    Primò necessarius est ad distributionem Sanguinis, tam arteriosi, quàm venosis, in vniuersum corpus ad nutritionem, et conseruationem caloris natiui. Secundò ad ventilationem Sanguinis, vt per motum illum circularem præseruetur a putredine ; siquidem corpora calida humida, sunt obnoxia putredini ; ea de causa Sanguis calidus humidus facilè ex se, naturaque sua, et aliorum humorum permixtione corrumpitur, et putrescit.

    […] Ergo mobilitas in Sanguine necessaria est, ad euitendam putredinem, quod fit per circulationem, dum Sanguis per longitudinem corporis assiduè reuoluitur.

    [Elle est très nécessaire premièrement à la distribution du sang, tant artériel que veineux, dans la totalité du corps, pour le nourrir et conserver sa chaleur innée ; deuxièmement, à l’aération du sang, pour le préserver de la corruption, grâce à son mouvement circulaire, étant donné que les corps chauds et humides sont sujets à la putréfaction ; et c’est la raison pour laquelle un sang chaud et humide se corrompt et putréfie spontanément, sous l’effet de sa propre nature et des autres humeurs qui lui sont mêlées.

    (…) {f} Il est donc nécessaire que le sang soit mobile pour éviter qu’il ne pourrisse, et c’est ce qu’accomplit la circulation, quand le sang tourne sans relâche dans toute l’étendue du corps]. {g}


    1. Pontiques, vnote Patin 7/8170.

    2. Paris, 1652, v. note [6], Brevis Destructio, chapitre iii.

    3. Bévue anatomique de Galien que Riolan et bien d’autres ont scrupuleusement perpétuée, v. notule {a}, note [10], première Responsio de Riolan Sur la circulation du sang.

    4. L’artère pulmonaire : Riolan reconnaissait donc la petite circulation (passage du sang du cœur droit au cœur gauche en traversant les poumons) dans certaines circonstances.

    5. « Il est bien différent, crois-moi, de boire l’eau qui coule d’une source et celle qui croupit dans une mare stagnante », Martial, Épigrammes, livre ix, vers 99‑100.

    6. J’ai éludé deux citations de Galien et Hippocrate sur la question.

    7. Riolan défendait un mouvement circulaire du sang, mais très lent et partiel : il existait dans les grands vaisseaux (aorte et veines caves, v. infra note [12]) et dans les poumons (quand le cœur s’accélérait), mais non dans le compartiment mésentérique, où le sang de la veine porte suivait un mouvement centré sur le foie, alternativement centrifuge et centripète.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iv, note 11.

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(Consulté le 08/12/2025)

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