Solum hoc viscus alio modo nutritur quam aliæ partes Corporis, nam suum sanguinem mutuatur à Corde, vasa inde assumit non à Cava, ideoque turpiter hallucinantur Medici, qui in affectibus Pulmonum asserunt opprimi ab affluxu sanguinis, quem innumeræ venæ ipsos effundunt. […]
Quia Pulmonis substantia mollis est, ac spongiosa, idcirco præ cæteris visceribus, fluxionibus opportuna, seu à Cerebro, sive à visceribus manent mediante Corde.
Medius jacet inter Caput et Diaphragma, non tanquam inter malleum et incudem, ut vulgo dici solet, sed inter duos malleos, quibus hinc et inde percutitur et læditur, dum Caput distillat in Pulmonem et jecur, sanguinem impurum, vel copiosorem Cordi suppeditat, quem revomit et reiicit in pulmonem, inde Pulmo inficitur, vel obruitur.
Labes illa Pulmonis, non à Corde manat, sed à visceribus intemperatis, et male moratis, quæ suggerunt Cordi sanguinem impurissimum, cujus vitium non potest emendare Cor, nisi per multas Circulationes.
Interea Pulmo graviter afficitur ab isto sanguine per ejus substantiam transeunte, nam famulatur Cordi tanquam emunctorium et emissarium, dum ejus sordes eo confluunt simul cum sanguine, ac proinde variis morbis patet.
[Ce viscère est le seul à être nourri autrement que les autres parties du corps, car il emprunte son sang au cœur et ne reçoit donc pas de vaisseaux de la veine cave. Par conséquent les médecins se trompent en prétendant que les poumons malades sont opprimés par l’afflux du sang que de multiples veines y répandent.
Comme la substance des poumons est molle et spongieuse, ils sont plus sujets que les autres viscères aux fluxions, {a} qui leur viennent du cerveau ou des autres organes, par l’intermédiaire du cœur.
Les poumons se situent entre la tête et le diaphragme, non pas comme entre marteau et enclume, comme on dit ordinairement, mais entre deux marteaux qui les frappent et blessent à l’envi : tantôt la tête envoie un sang impur au poumon et au foie, tantôt elle en envoie une trop grande quantité au cœur, qui s’en décharge dans les poumons, lesquels s’en trouvent incommodés voire accablés.
Cette maladie ne vient pas du cœur, mais des viscères mal tempérés et malades qui envoient au cœur un sang très impur, {b} lequel ne peut être purifié qu’en accomplissant plusieurs circulations ; ce qui donne à ce sang le temps d’affecter gravement les poumons en traversant plusieurs fois leur substance, car ils servent d’émonctoire et d’égout au cœur, où les ordures se ramassent avec le sang, ce qui donne lieu à diverses maladies].
- Chute d’humeur sur quelque partie du corps (équivalant à l’inflammation moderne) ; les deux principales fluxions du poumon étaient la pneumonie et la pleurésie.
- Notamment contaminé par le chyle cru et la bile.
Hyginus Thalassius reprochait à Riolan de décrire une physiologie qui exposait constamment les poumons aux ordures charriées par le sang, et donc à être toujours malades. Plus généralement, tous les raisonnements qu’il développait dans ce neuvième argument voulaient contrer l’idée que la bile et le chyle mêlés au sang sont toxiques pour les organes qu’il irrigue.