On perdrait son temps à vouloir retrouver le réservoir de Pecquet chez l’homme, comme en a depuis attesté l’Anatomie de Bourgery, tome quatrième, page 155, Vaisseaux et ganglions lymphatiques de la cavité abdominale :
« Les lymphatiques de la grande cavité de l’abdomen se résument dans le vaste confluent des ganglions {a} lombaires, d’où procède le canal commun de terminaison, ou le canal thoracique.
Lymphatiques de formation des chapelets lombaires. Les chapelets lombaires, à leur origine, forment la continuation des chapelets iliaques primitifs qui représentent tous les lymphatiques du membre abdominal {b} et de la cavité du bassin, moins ceux du testicule, dans l’homme, et de l’utérus, dans la femme.
Comme branches latérales, les ganglions lombaires reçoivent de chaque côté tous les lymphatiques des viscères, soit directement, soit par l’intermédiaire de chapelets ganglionnaires propres à chaque viscère, et d’où se dégagent les rameaux efférents qui rejoignent le réservoir lombaire commun. […] {c}
Les lymphatiques viscéraux qui ne se rendent dans le confluent commun que par l’intermédiaire des chapelets ganglionnaires qui leur sont propres, sont ceux des organes digestifs, l’estomac, l’intestin grêle, le gros intestin, la rate et le pancréas. Parmi ces vaisseaux, ceux qui proviennent des intestins, et particulièrement de la partie supérieure de l’intestin grêle, destinés à absorber le chyle, prennent le nom spécial de vaisseaux chylifères ; ils ne diffèrent des autres lymphatiques que par la nature du fluide qu’ils transportent dans le réservoir commun. Le foie se distingue des autres viscères par le nombre, la disposition et le trajet de ses vaisseaux lymphatiques superficiels et profonds, dont les uns affluent dans le réservoir commun, tandis que les autres pénètrent dans la cavité de la poitrine au travers du diaphragme et vont se jeter dans les ganglions intercostaux et dans le canal thoracique.
Chapelets lombaires. Ils forment, autour de la portion lombaire de la colonne vertébrale, un énorme amas de ganglions et de vaisseaux lymphatiques dont la masse s’explique par ses nombreuses origines, le confluent lombaire étant à la fois l’aboutissant de tous les lymphatiques des deux membres abdominaux et des viscères situés dans la grande cavité abdomino-pelvienne. C’est lui par conséquent qui reçoit les chylifères et forme le confluent de ces vaisseaux avec les lymphatiques proprement dits. Les chapelets lombaires continuent inférieurement {d} sans interruption les amas iliaques primitifs. Les ganglions qui les composent, augmentés par l’afflux considérable des vaisseaux chylifères et des lymphatiques viscéraux, sont remarquables par leurs grandes dimensions et l’énorme volume des vaisseaux qui s’y ramifient. Ils forment quatre traînées ganglionnaires distinctes : deux latérales, les plus considérables, appliquées de chaque côté dans la gouttière des vertèbres et des muscles psoas, où les ganglions très nombreux se pressent et se pénètrent pour ainsi dire les uns les autres ; deux antérieures, placées en avant et en arrière de l’aorte et de la veine cave inférieure qu’elles enveloppent. Ces ganglions plus clairsemés sont unis entre eux et avec les chapelets latéraux par de nombreux vaisseaux d’un gros volume.
Terminaison du confluent lombaire. Au-dessous des attaches du diaphragme, de la partie supérieure du vaste confluent lombaire, procèdent en avant trois ou quatre troncs considérables qui s’insinuent dans l’ouverture aortique du diaphragme, et donnent naissance, par leur réunion, à un grand canal commun, dit canal thoracique. En outre, de chaque côté, les chapelets lombaires fournissent un tronc volumineux, unique ou multiple, qui pénètre dans la poitrine par les arcades des nerfs splanchniques, ou par celles des muscles psoas, et vient déboucher au-dessus, dans le canal thoracique, à une hauteur variable. » {e}
- Désormais appelés « lymphonœuds » : le mot « ganglions » est réservé à leur gonflement pathologique.
- Ou membre inférieur.
- Les lymphatiques qui se rendent directement dans le réservoir sont ceux des organes génitaux, des reins et des capsules surrénales.
- Sic pour supérieurement (en haut).
- Cette configuration complexe est précisément représentée, en couleur, dans la figure 2 de la planche 88, la planche 89 et la planche 90. Il est impossible d’y discerner un réservoir du chyle tel que Jean Pecquet l’a décrit : la nature a été extrêmement bienveillante en dotant le chien d’une citerne unique qu’il a été capable de mettre au jour ; et on comprend la peine que Thomas Bartholin a dû se donner pour retrouver son équivalent chez l’homme.