Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre ix, note 17.
Note [17]

Alexander Benedictus, {a} Anatomice sive historia corporis humani [Anatomie ou description du corps humain], livre ii, chapitre ix, De mesenterio et venis eius [Le mésentère et ses veines], pages D ij ro‑ vo, {b} sur les veines du mésentère :

Qui harum uenarum orificia inter intestina ampliora putant in uiuente, quæ in cadauere delitescant, longe decipiuntur ; arbitrant enim ciborum frusta per easdem fibras tenuissimas attrahi posse, putantque uirginem ætate nostra Venetiis dum hæc conderemus, quæ crinalem acum quatuor digitorum longitudine, quam inter dentes dormitura continebat, incauteque per somnum deglutiuit, per urinam post menses x. demisisse maximis cruciatibus, quam in uesica collectis uiscosis humoribus lapidem circa sese inuolutum rotundauit gallinacei oui magnitudine, et à uenis prius mesentericis acum haustam esse contendunt, nec quas uias inuenerit natura ignorant.

[Ceux qui estiment que les orifices des veines qui parcourent les intestins sont plus amples chez les sujets vivants et qu’elles s’affaissent chez le cadavre, se trompent complètement. Ils jugent en effet que ces filaments peuvent attirer les fragments des aliments, et méditent sur la jeune fille que nous avons enterrée ces temps-ci, à Venise : elle s’était endormie en serrant entre ses dents une épingle à cheveux longue de quatre travers de doigt, et l’avait avalée par mégarde pendant son sommeil ; dix mois plus tard, l’épingle descendit par les voies urinaires en provoquant de très vives douleurs ; une fois dans la vessie, des humeurs visqueuses s’y étant agglutinées se sont enroulées sur elles-mêmes pour former une pierre qui a atteint la taille d’un œuf de poule. {c} Ces gens prétendent que l’épingle a d’abord été absorbée par les veines mésentériques, et disent ne pas ignorer quelles voies la nature aura inventées pour ce faire]. {d}


  1. Alessandro Benedetti (Vérone 1452-Venise 1512), professeur de médecine à Padoue, puis médecin des armées de la Sérénissime (Éloy).

  2. Sans lieu, Eucharius, 1527, in‑8o.

  3. Comme d’autres commentateurs de cette histoire (v. infra note [18]), Thomas Bartholin en enjolivait merveilleusement le récit : la jeune fille était morte dans de vives souffrances et l’ouverture de son cadavre avait trouvé l’épingle dans la vessie.

    Benedictus a bizarrement donné ailleurs une moins rude version du sort que subit la malade (v. infra note [18‑1]).

  4. Au début et à la fin de sa relation, Benedictus a voulu morigéner ceux qui n’éprouvaient pas de difficulté à expliquer le cheminement de l’épingle depuis l’estomac jusqu’à la vessie.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre ix, note 17.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1029&cln=17

(Consulté le 08/12/2025)

Licence Creative Commons