Thomas Bartholin renvoyait à trois auteurs qui ont repris avec plus ou moins d’exactitude l’observation d’Alexander Benedictus (v. supra note [17]).
- Observation de Johann Schenck, {a} intitulée Acus in calculis e vesica extractis depacta [Épingle à cheveux dans les calculs extraits de la vessie], page 474 :
Virgo illa, quæ acum crinalem devoraverat, oui magnitudine gallinacei lapide in vesica genito, humoris mucidi circa acum sensim accretione, ad vltima ferè tabem redacta, patefactâ ceruice, magno impetu, lapidis ingens pondus in sellam demisit. Alex. Benedictus lib. 22. capt. 36. de medend. morb.
Anno Domini 1566. Laurentij Collo duo liberi, aclculorum extrahendorum artfices experientissimi, calculum extraxerunt, nucis iuglandis crassitie, in quo medio acus ei planè, quâ sutores suere solent, similis, depacta visebatur. Calculoso nomen erat Petrus Coquinus, viâ Galandeâ ad plateam Malbertinam ; puto illum adhuc superstitem viuere. Carolo ix. Regi propter rei monstrificæ nouitatem calculus ille, me præsente, oblatus est ; quem mihi à Chirurgis illis dono datum, diligenter in secretioribus capsulis asseruo. Pareus lib. 24. cap. 19.
[Une jeune fille avait avalé une épingle à cheveux, laquelle, parvenue dans la vessie, s’y était peu à peu enrobée d’une humeur corrompue, provoquant la formation d’une pierre qui avait la taille d’un œuf de poule. Après avoir atteint le stade presque ultime du tabès, {b} ladite jeune fille découvrit la pierre dans le col de sa vessie et, au prix d’un grand effort, elle se libéra de son énorme fardeau en allant à la selle. Alex. Benedictus, livre xxii, chapitre xxxvi]. {c}
Paré, livre vingt-quatrième, chapitre xix : {d} « L’an mil cinq cent soixante-six, les enfants de Maître Laurent Colot, hommes bien expérimentés en l’extraction des pierres, {e} en tirèrent une de la grosseur d’une noix, au milieu de laquelle fut trouvée une aiguille, de quoi coutumièrement les couturiers cousent. Le malade se nommait Pierre Cocquin, demeurant en la rue Galande, près la place Maubert à Paris, et est encore à présent vivant. La pierre fut présentée au roi {f} en ma présence, avec ladite aiguille que lesdits Colot m’ont donnée pour mettre en mon cabinet, laquelle je garde et ai encore de présent en ma possession, pour mémoire de chose monstrueuse. »
- Observationes, Lyon, 1644, v. supra note [11].
- Cachexie, v. note [5], Dissertatio anatomica, chapitre v.
- Autre mention de cette observation par Benedictus dans ses 30 livres des Omnium a vertice ad calcem morborum signa, causæ, indicationes et remediorum compositiones… [Signes, causes, indications thérapeutiques de toutes les maladies, des pieds à la tête, avec les compositions des remèdes…] (Bâle, 1539, in‑4o), loc. cit., page 848.
La transcription qu’en a donnée par Schenck est strictement fidèle à l’original de Benedictus et contredit sa précédente narration (v. supra note [17]), puisque la malade n’est plus enterrée, mais expulse heureusement sa pierre après qu’elle a failli la tuer.
- J’ai ici repris le texte français original d’Ambroise Paré que Schenck a fidèlement traduit en latin : Œuvres (Paris, 1628, v. note Patin 15/7), livre vingt-cinquième, Des Monstres, page 1026, chapitre xv, Des Pierres qui s’engendrent au corps humain.
- V. note Patin 17/455 pour la longue lignée chirurgicale des Colot qui ont brillé dans l’art de la cystotomie pendant les xvie et xviie s.
- Charles ix a régné de 1560 à 1574.
- Methodi vitandorum Errorum omnium qui in Arte Medica contingunt Libri Quindecim… [Quinze livres de la Méthode à suivre pour éviter toutes les erreurs qui se rencontrent en l’art médical…] de Sanctorius, {a} loc. cit., colonne 899, chapitre intitulé Declaratur, quid intelligi debeat per vasa communia [Est expliqué ce qu’il faut entendre par vaisseaux communs] : {b}
Denique vt animaduertas, multas esse vias in viuentibus apertas, quæ in cadauere non possunt inueniri : audias historiam pluribus quoque notam : Contigit Venetiis puellæ acum magnum deglutienti, ut post aliquot menses acus in vesicam descenderet ; vbi cum constitisset, calculus circa illum est adauctus, et tandem à lithotomo fuit transpositus : quis ex cadaueris sectione inuenire posset locum in iecore, quà magnus acus posset sine læsione transire ? vbi nec venæ capillares, nec fibræ conspiciuntur ; sed solum vniforme et similare parenchyma, nihilominus in viuis alio modo res se habet.
[Enfin, comme vous remarquerez, de nombreuses voies sont ouvertes chez les sujets vivants, qu’on ne peut retrouver chez les cadavres. Je vous livre une observation que de nombreux auteurs ont citée : il advint à Venise qu’une petite fille avala une grande épingle, qui descendit dans sa vessie quelques mois plus tard ; tandis qu’elle y était arrêtée, un calcul s’agrégea autour de l’aiguille, qu’une lithotomie finit par extraire. {c} En ouvrant un cadavre qui pourrait trouver dans le foie un endroit par où une grande épingle aurait pu passer sans entraîner de dégâts ? On n’y voit en effet ni très fines veines ni filaments, mais seulement un parenchyme uniforme et homogène ; {d} il peut cependant en aller autrement chez les gens vivants].
- Santorio Santorio, professeur de médecine à Padoue ; Venise, 1630, v. note Patin 6/8.
- Le terme, hérité de Galien, est expliqué au début du chapitre :
[…] hæc conditio per vasa communia conueniat reuulsioni per se, quia nisi essent communia, nihil euacuaretur ; propterea euacuantur humores ; quia retrahuntur ad vasa, per quæ possunt fluere, et hæc sunt communia.
[(…) la qualité assurée par les vaisseaux communs correspond à la révulsion proprement dite, parce que s’ils n’étaient pas communs, rien ne serait évacué ; ils expulsent donc les humeurs, parce qu’elles se retirent dans des vaisseaux qui leur permettent de s’écouler, et ceux-là sont communs].
En conclusion du chapitre, Sanctorius déclare que les vaisseaux communs sont des veines, et non des artères.
- Troisième version de l’histoire : la patiente aurait été heureusement guérie par une cystotomie, sans mourir de sa pierre ni l’avoir spontanément évacuée.
- Bien que le foie soit traversé par une grande abondance de vaisseaux, sanguins et biliaires, presque tous sont affaissés et invisibles à l’œil nu quand on examine ses tranches.
- Outre ce que Schenck a emprunté aux Œuvres d’Ambroise Paré (v. supra première notule {d}), l’observation d’« Alexandre Benedict » figure sur la même page, mais dans le précédent chapitre (xiv), Exemple des choses monstrueuses qui sont advenues en maladies accidentales :
« Davantage au dit chapitre, dit qu’à Venise une fille avala une aiguille, laquelle, deux ans après, elle jeta en urinant, couverte d’une matière pierreuse, amassée alentour de quelques humeurs gluants. » {a}
- Cela est conforme à la seconde relation de Benedictus, donnée par Schenck dans la première citation supra.
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