Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre ix, note 6.
Note [6]

La Pratique de Vittore Tricavelli {a} est le titre abrégé de ses 12 livres de Prælectiones de Ratione curandi omnes humani corporis affectus [Leçons sur la manière de soigner toutes les affections du corps humain]. Le chapitre cité, De incontinentia vrinæ, et de affectu, qui διαβητης dicitur [De l’incontinence d’urine et de la maladie qu’on appelle diabète], figure dans ses Opera omnia. {b} Il y détaille deux cas de diabète observés à Venise, dont Thomas Bartholin signalait le second (tome premier, page 300, 2e colonne) :

Alter verò vir erat, et ille quidem nobilissimus frater Reverendissimi Cardinalis Pisani, hic cum febre laboraret, et ea satis maligna, atque sitis, quæ neque etiam multa erat, esset impatiens, bibere nolebat, nisi gelida ferè esset aqua, et reliqua, quibus in potu vtebatur, quæ quidem iubebat in puteis demissa urceis perpetuò seruari, unde ad eam imbecillitatem renes deuenere, ut potus omnino immutatus mingeretur, seruans eundem colorem, consistentiam, saporemque, et odorem. Vtebatur autem primum propter febrem iuleb rosacco diluto ex aqua, et vrina, quæ paulò post a potu mingebatur, eadem omnino videbatur, quæ prius erat in cyatho, antequam biberetur, eundemque referebat colorem aspicientibus, et odorem olfacientibus, sed et quidam, qui illi ministrabant, gustare, voluere, qui affirmarunt, neque in sapore vllam factam immutationem, neque hic vehementissima siti vrgebatur, quamuis et ipse sitiret, neque oris tanta ariditate, sicuti Abbatissa, neque præcordijs vllum æstum percipiebat, qui tamen et ipse ex eo morbo interijt, et procul dubio omnis istius morbi ratio ex nimia instrumentorum vrinæ, refrigeratione ortum habuit.

[Le second cas était celui du très noble frère du révérendissime cardinal Pisani : {c} atteint d’une fièvre assez maligne, il souffrait d’une soif peu intense, mais ne voulait boire d’eau que si elle était presque glacée ; il ordonnait que tout autre liquide qu’il absorbait fût mis dans des cruches qu’on avait plongées longuement au fond d’un puits ; survint une faiblesse des reins telle que ce qu’il buvait passait dans les urines sans avoir subi le moindre changement de couleur, de consistance, de goût et d’odeur. Pour sa fièvre, il prit d’abord du julep rosat {d} dilué dans l’eau, et l’urine qu’il émettait peu après était exactement semblable à ce sirop tel qu’il était dans le verre avant qu’il l’eût avalé : même couleur pour ceux qui la miraient, même odeur pour ceux qui la sentaient ; certains de ceux qui le soignaient ont même voulu la goûter, et affirmé qu’elle avait exactement le même goût. {e} Bien qu’il souffrît de soif, elle n’était pas très violente et il n’avait pas la bouche sèche comme avait l’abbesse, {f} et il ne souffrait d’aucune chaleur de poitrine. Il mourut néanmoins de ce mal dont la cause a sans doute été le froid excessif des liquides qui produisaient l’urine].


  1. Médecin vénitien mort en 1568, vnote Patin 18/407

  2. Venise, héritiers de Melhior Sessa, 1599, trois tomes in‑8o.

  3. Issu d’une famille patricienne de Venise, Luigi Pisani (1522-1570) a été créé cardinal en 1565.

  4. Vnote Patin 24/8170.

  5. Dommage : sans cette prise de sirop (julep), ces personnes dévouées auraient pu se rendre compte que l’urine était sucrée.

  6. La première malade décrite par Tricavelli.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre ix, note 6.

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(Consulté le 08/12/2025)

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