On le voit, au dix-septième siècle, les progrès dans la compréhension des mécanismes de la formation des êtres vivants sont fragiles, et les rôles respectifs d'une part, de l'œuf venu de la femelle et d'autre part, de la semence mâle dans la fécondation sont loin d'être complètement élucidés. La découverte des spermatozoïdes, les "animalcules spermatiques" ne sera permise que grâce à la mise au point du microscope par Antoni van Leeuwenhoek, qui adressera son compte rendu d'observation à la Royal Society en novembre 1677. Leeuwenhoek affirme ensuite que "c'est exclusivement la semence mâle qui forme l'embryon, et la seule contribution que la femme puisse apporter est de recevoir la semence et de la nourrir". Il paraît si convaincu de ce que les animacules spermatiques contiennent des embryons complets, qu'en 1693, il pense pouvoir découvrir "les parties et membranes du fœtus dans cet animalcule, au point de dire : voici la tête, voici les épaules et voici les cuisses." Dans cette lettre, il reconnaît toutefois qu'il n'a pas encore pu trouver d'embryon assez grand pour le montrer. Influencé par le modèle de la préformation de la plante dans la graine depuis 1679, Leeuwenhoek est persuadé de la préformation des germes, et donc de la présence du fœtus dans l'animalcule. Mais en 1699, dans une lettre à la Royal Society, il admet que l'observation sera sans doute impossible : "Le fœtus humain, du moins comme je le pense, est caché, enfermé, dans l'animalcule de la semence mâle ; mais que l'esprit humain puisse pénétrer un jour dans ce grand arcane, au point que le hasard ou la dissection méthodiquement conduite de l'animalcule y fasse découvrir un homme entier, c'est je l'avoue volontiers, ce qui passe mon entendement, et dont on ne me persuadera pas facilement."

Il faudra encore du temps et des expériences avant de reconnaître le rôle des ovaires, des trompes, des spermatozoïdes, avant d'expliquer les mécanismes de la fécondation et de prouver qu'un spermatozoïde humain est incapable de féconder un ovule animal, et qu'inversement un ovule humain ne peut être fécondé par les spermatozoïdes d'un animal. Souvenons-nous qu'au dix-huitième siècle, Réaumur, passionné, tout comme Buffon, par les expériences sur l'hérédité et les hybrides, fut déçu de constater que ce qu'il appelait les amours d'une poule et d'un lapin ne produisent pas " des poulets vêtus de poils ou des lapins couverts de plumes ".