C'est le cas du célèbre monstre de Ravenne, "monstre si brutal et éloigné de l'humanité" selon Boaistuau qui a "peur de n'être pas cru" en le présentant, "monstre merveilleux" selon Paré. La description du monstre de Ravenne a suscité de nombreux commentaires.

Boaistuau
f. 179 v°
Paré
p. 1022
   

   

Ce monstre serait apparu en Italie au temps du pape Jules II, et du Roi Louis XII, en 1511, et peu avant la bataille de Ravenne (non après cette bataille comme l'indique par erreur Paré). Il se distinguait par "une corne" sur sa tête bien formée, "deux ailes, un seul pied semblable à celui d'un oiseau de proie", outre la présence d'un oeil à la jointure du genou, et son hermaphrodisme. Selon Boaistuau, le symbolisme attaché au monstre de Ravenne est le suivant : "Ce monstre fut produit sur terre du temps que toute l'Italie était enflammée des guerres, non toutefois sans apporter grande terreur au peuple : de sorte que de toutes les provinces de l'Italie et de la Grèce ils venaient voir cette misérable créature. Chacun en parla diversement : entre autres il s'y trouva quelques hommes doctes et célèbres, qui commencèrent à philosopher sur la misère de cet enfant, et sur sa figure monstrueuse, lesquels disaient que par la corne était figuré l'orgueil et l'ambition, par les ailes, la légéreté et inconstance, par le défaut des bras, le défaut des bonnes œuvres, par le pied ravissant, rapine, usure et avarice, par l'œil qui était au genou, l'affection des choses terrestres, par les deux sexes, la sodomie, et que pour tous ces péchés qui régnaient de ce temps en Italie, elle était ainsi affligée de guerres. Mais quant à l'epsilon et à la croix, c'étaient deux signes salutaires : car l'epsilon signifiait vertu, et puis la croix qui dénotait que s'ils voulaient se convertir à Jésus Christ, et songer à sa croix, c'était le vrai remède de recouvrer la paix, et de modérer l'ire du Seigneur, qui était enflammé contre leurs péchés".