En lisant les textes accompagnant les gravures d’enfants
monstrueux ici présentées,
nous avons été frappée par l’absence radicale de prise en compte de la question
de la souffrance des êtres humains porteurs de malformations majeures et de celle
de leurs parents. A part Blasius, qui signale l’inquiétude de Lazare Colloredon
à propos de son avenir, si étroitement lié à celui de son frère inégalement développé,
la façon humaniste, ou plus simplement humaine, de considérer les êtres humains
porteurs de malformations graves ou monstrueuses est généralement absente de
ces traités médicaux.
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Liceti (1708)
p. 297 |
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Paré
p. 1025 |
Faut-il rappeler que dans la collection que possède Ambroise
Paré, chirurgien zélé pour soulager les blessures, figurent, outre des pierres
"monstrueuses", un "oiseau de paradis" et un bec de toucan, le corps de ce
"monstre" né à Paris en 1546 et qu’il a autopsié, à savoir cet enfant à deux
têtes, deux bras, quatre jambes, mais un seul cœur ? Paré écrit : "lequel monstre
est en ma maison, et le garde comme chose monstrueuse". Il précise en outre
que lui furent donnés "secs et anatomisés par maître René Ciret, maître barbier
et chirurgien" de Touraine, "deux enfants gémeaux n’ayant qu’une tête".
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