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Les naissances de monstres figurent au chapitre III du cinquième livre du De conceptu et generatione hominis, précisément consacré aux "enfants imparfaits, monstres et enfantements prodigieux". Dix-neuf pages de planches illustrent ce chapitre. Rüff y examine les causes "physiques" ou "naturelles" de la production des monstres (défaut de la semence, ou inversement excès de la semence), mais les rapporte toutes au jugement de Dieu. La "providence de Dieu Tout-Puissant" permet la naissance de monstres pour "punir et admonester les êtres humains". Un peu auparavant, le médecin zurichois a du reste rappelé l'importance du jugement de Dieu qui peut accorder une postérité nombreuse ou faire naître des monstres pour châtier le vice des méchants. Au seizième siècle, l'influence de la théologie est très importante et les théologiens catholiques et protestants reconnaissent dans les monstres les signes certains de la volonté divine, de sa colère, c'est-à-dire de l'ire ou du "courroux" de Dieu. Le De Trinitate de Saint Augustin est souvent cité par les médecins, catholiques et protestants. Augustin y a dénoncé les philosophes qui ont cherché aux monstres (et aux éclipses) d'autres causes que la volonté divine : "Parfois, ils ont trouvé de vraies causes, mais immédiates, car ils étaient incapables de voir la cause suprême, qui est la volonté de Dieu." Après avoir montré des enfants sans main ou sans pied, un homme sans bras, que nous retrouverons chez Paré, et à propos duquel Rüff précise que les pieds font office de mains, un homme bicéphale, divers exemples de jumeaux soudés, des enfants avec des membres mal formés ou avec des doigts et orteils surnuméraires, Rüff présente le monstre né en 1552 près d'Oxford, avec deux têtes, quatre bras et quatre mains opposés, deux jambes implantées transversalement et la troisième se terminant par deux pieds soudés et dix orteils. Ce "monstre né près d'Oxford", figurera, moins bien dessiné, chez Lycosthenes, en compagnie du chat avec une tête et deux corps, puis sans la représentation des dix orteils chez J.-G. Schenck, à côté du monstre bifront né à Genève en 1555. |