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Rüff clôt le chapitre par l'illustration du monstre hermaphrodite apparu en 1512 à Ravenne et donne l'explication symbolique des particularités anatomiques de ce monstre composite que l'on retrouvera chez Boaistuau.

Le chirurgien zurichois affirme, à la fin de son chapitre, que les êtres humains peuvent concevoir avec des animaux et inversement. Il en rapporte les causes à "l'appétit naturel, à l'excitation de la nature par le plaisir et à la vertu attractive de la matrice, semblable chez les humains et les animaux".

Rüff
f. 47 v°
   

Liceti
p. 190

Rüff se réfère à Plutarque et rappelle qu'Ariston d'Ephèse, qui détestait les femmes, s'accoupla avec une anesse qui mit au monde une fort belle jeune fille judicieusement prénommée Onoscèle, (c'est-à-dire aux jambes d'âne). L'exemple sera encore cité par des médecins, notamment par Riolan (fils) dans sa Dissertation philosophique sur le monstre né à Paris en 1605 et par Liceti, qui en donne une illustration, sur laquelle Onoscèle voisine avec un enfant aux oreilles d'âne et un enfant portant des cornes sur la tête.

   

Rüff mentionne en outre des exemples d'unions fécondes constatées, en Suisse, entre une jument et un taureau et en France, entre une jument et un cerf.

Inscrites dans un des premiers livres traitant d'obstétrique, les affirmations de Rüff sur la génération ont eu une influence considérable et ont, en l'absence de connaissances plus précises et d'observations plus attentives, conforté la croyance aux montres mi-humain mi-animal, ainsi que celle aux monstres composites. Le traité de Rüff a en effet connu de nombreuses rééditions et est devenu une œuvre de référence pour le chirurgien Ambroise Paré, pour Boaistuau, et pour les médecins Liceti et Aldrovandi-Ambrosini.