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Exposition sur les débuts de la radiologie
en dentisterie |
Lors des quatorzièmes Journées Dentaires de Nice, en mars 2001, l'ASPAD
disposant d'un vaste stand présenta une exposition sur les débuts de la
profession dentaire avec l'électricité.
(cliquer sur les vignettes pour les
agrandir)
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Le stand de
l'ASPAD aux JD Nice 2001 |
Un cabinet dentaire, 1890-1896
Un cabinet dentaire des années 1890-1896 est reconstitué : Il est équipé
d'un fauteuil mécanique 1883 de chez Adam Schneider de Berlin (modèle simplex
entièrement restauré par l'ASPAD) qui connut alors un énorme succès. On
trouve aussi un crachoir fontaine avec réservoir et pompe de rinçage, un tour électrique, une tablette " aseptique de Ash " avec son bras
ergonomique (don du musée dentaire de Lyon), une étuve de stérilisation car
l'asepsie commence à s'imposer, un tableau électrique de distribution pour
thermocautère et lumière. N'oublions pas l'incontournable meuble d'Archer de
Ash n°12 en acajou et remarquons, en plus de l'éclairage électrique, toujours
la présence de l'éclairage au gaz à cause du manque de fiabilité de la
distribution électrique de l'époque dans les grandes villes. Au mur un des
premiers diplômes de chirurgien dentiste de 1894 (don de la famille Danton).
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Le cabinet dentaire 1890- 1896. |
Le fauteuil Simplex
de chez Adam Schneider 1883. |
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Tablette aseptique de
Ash. |
Meuble d'Archer par Ash
n° 12 en acajou. |
Thermos fontaine
à eau
chaude. |
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Tableau de distribution
électrique. |
Etuve de
stérilisation,
système Soulard
par Creuzan à Bordeaux |
Un des
premiers diplômes
de chirurgien dentiste, 1894. |
Un appareillage à rayons Roentgen, ca. 1896
Ce cabinet possède un exceptionnel tout premier appareillage à rayons Röntgen.
On notera le côté encore expérimental de cet équipement datant probablement
de 1896, utilisable par un dentiste moins d'un an après la découverte de W. Röntgen
!
Il est composé d'un tube à gaz de Crookes c.1896, type focus radiogène, à régulation de vide par osmose au platine, soutenu par un statif articulé. Le
tube est branché à une bobine de Ruhmkorff avec bloc condensateur à feuilles
de mica incorporé dans son socle et un spintermètre fixe réglé pour un potentiel
maximum de 22 cm d'étincelles. Elle est équipée d'un interrupteur
à contacts au mercure, alimentée par un coffret batterie de 36 piles chimiques
au sulfate de cuivre pouvant fournir jusqu'à une centaine de volts. Ce coffret, modèle Onimus, en acajou fabriqué par Brewer
à Paris depuis 1878, était constitué de piles Daniell modifiées Onimus pour en faciliter le transport et
en augmenter la fiabilité ; c'était une des meilleures unités de production d'électricité médicale
de l'époque.
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Appareillage à rayons Röntgen c.1896. Au premier
plan, le statif support du tube radiogène. A gauche le système
d'alimentation |
Tube
à
gaz de Crookes, type focus |
Unité de production
de très haute tension |
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Bobine de Ruhmkorff avec interrupteur au
mercure. |
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Coffret batterie de 36 piles au sulfate de
cuivre. |
Deux autres tubes du début de la radiologie médicale ont été retrouvés
en même temps (voir en fin d'article). Ils ont probablement fonctionné sur la
même installation. L'évolution des systèmes de radiologie va être très
rapide et vers 1903 ce même appareillage sera alors équipé d'une batterie de
piles sèches, ou mieux d'accumulateurs, alimentant un tube à gaz de Crookes
type focus avec autorégulation du vide par étincelage, beaucoup plus
performant, avec sécurité pour éviter les effluves d'étincelles de
surtension.
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Coffre acajou pour
batterie de piles sèches. |
Le coffre avec
détails de régulation. |
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Tube radiogène dans
son coffre de transport
en acajou. |
Tube de Crookes
à autorégulation
par étincelage c.1903. |
Une installation à rayons X, ca. 1905
Sur le stand est exposé un autre équipement à rayons X (c.1905) d'une
firme bavaroise pionnière : Reiniger, Gebbert et Schall ( qui deviendra Siemens
). Il est apparenté à leur modèle "Record". Il se compose d'un
statif en bois avec manipulation assistée améliorée, d'un tube à gaz de
Crookes de type Gunderlach à autorégulation par étincelage, enchâssé par un
boîtier de protection garni de plomb avec focalisation du rayonnement. Il est
alimenté par le courant de ville avec un interrupteur turbine à mercure motorisé et commandé par une console de manipulation
à distance.
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Installation
à rayon X c.1905. |
Tube
radiogène avec sa protection focalisée. |
Interrupteur
turbine
à mercure
(Balzarini à Milan) |
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Variateur d'alimentation de générateur
radiogène. AEG Berlin c.1900. |
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Console de manipulation à
distance. |
Un appareil à rayons X, 1909
A proximité nous trouvons aussi l'appareillage à rayons X et à agents
physiques de Monico Sanchez qui dès 1909 utilise la technologie d'avant garde
de la haute fréquence par circuit et bobine de Tesla. C'est un appareillage
compact, portatif sous forme de valise et autonome. Il y est adjoint un coffre
valise porte tubes de Crookes et de physiothérapie. L'alimentation est assurée
par un autre coffre batterie de piles sèches ou éventuellement par le courant
de ville. Le tube à gaz de Crookes, type focus, est à autorégulation électrochimique.
Les autres tubes à physiothérapie sont conservés dans le même coffre. Cette installation fut utilisée pour des radiographies dentaires,
mais surtout par les médecins car elle permettait aussi de multiples
applications physiques et électrothérapiques : Thermocautère, lumière
froide, diathermie, fulguration, ozonothérapie, etc.
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Installation
à
rayons X de M.Sanchez, Piedrabuena 1909 : Au centre la valise générateur système Tesla. A droite le coffre de batterie piles
sèches. |
Tube de Crookes
à
rayons X. |
Coffre valise pour le
transport des tubes. |
L'électrothérapie
Il était difficile d'aborder les débuts de la profession dentaire avec l'électricité sans
évoquer l'électrothérapie. Toute une vitrine est
consacrée à quelques coffrets d'électrothérapie. La profession dès le début s'est intéressée au potentiel thérapeutique
de l'électricité. Sont présentés, entre autres, un coffret d'anesthésie électrique des années 1870
alimenté par une pile de Grenet, un coffret à cataphorèse souvent utilisé
autour de 1900 pour anesthésie et désinfection dentaire avec ses 8 piles
chimiques incorporées, un autre coffret de 1872 pour applications de courants
induits faradiques de haute tension avec actions antalgiques et cicatrisantes.
Devant l'importance de la collection et du sujet l'ASPAD sortira prochainement
un article entièrement sur ce thème.
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La vitrine
d'électrothérapie. |
Coffret d'anesthésie
électrique c.1870. |
Coffret pour
faradisation
Chardin 1872. |
Une installation Ritter, 1935
Nous avons reconstitué une installation Ritter 1935 en hommage à notre confrère niçois Henri LENTULO (1889-1982), l'inventeur du bourre pâte qui
porte son nom, mondialement utilisé depuis plus de soixante quinze ans. Des
panneaux avec des documents et photos retracent sa vie et son oeuvre. Henri
Lentulo, en se réinstallant rue de Rome à Paris en 1932, opta pour ce type d'équipement
Ritter, un haut de gamme de l'époque. Il l'utilisera jusqu'à sa
cessation d'exercice, à 80 ans, en 1969. C'est un équipement très complet,
d'une robustesse et fiabilité remarquable. Certains fonctionnent encore.
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Equipement Ritter
1935. |
Détail de l'unit
très complet. |
Unit Ritter avec
compresseur sous
cloche verre. |
Dans deux autres vitrines sont exposés de nombreux instruments et objets
relatifs à l'exercice de l'art dentaire ; notons particulièrement une
prothèse en ivoire d'hippopotame sculptée par Jean Bailly (don des arrières
petits enfants ), quelques nécessaires d'hygiène dentaire.
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Une vitrine. |
Prothèse en ivoire
avec le portrait de
son facteur. |
Au sujet des débuts de la radiologie en dentisterie
Les quelques très rares confrères dentistes pionniers qui s'intéressèrent à la radiologie
à ses débuts devaient être véritablement passionnés. En
effet les contraintes d'un cliché étaient incroyables et les résultats en
dentisterie peu probants. C'est ce qui explique, au début, le peu d'intérêt
et de publication de la profession sur ce sujet. Notons cependant la décision
de Charles Godon d'introduire dès 1903 un enseignement de radiologie et d'électrothérapie
à l'école dentaire de Paris.
Comme en médecine il y eut beaucoup de tâtonnements. Les manipulations
étaient très délicates car il passait plusieurs milliers de volts sur ses
installations non isolées ! Il y eut de nombreux accidents. Le temps de pose
pour les dents était, au début, de 15 à 20 minutes ! Les tubes à gaz de
Crookes étaient très inconstants avec ionisations internes entraînant des
variations importantes dans la qualité du rayonnement. Il fallait les
régénérer : " durcir ou ramollir les tubes en les chauffant ". La
gestion de la qualité de production des rayonnements était tout un art.
En dentisterie on réalisait surtout de la radiographie sur plaques sensibles,
plus adaptée aux tissus denses plus difficilement préférables, mais
aussi de la radioscopie avec des écrans au platinocyanure de baryum. La
radiothérapie vint très rapidement à la mode pour les cancers, tuberculoses et
syphilis de l'époque.
Il faut essayer de s'imaginer ce que pouvait être la réalisation d'une
radiographie au début : Il fallait tout d'abord rassurer le patient. En effet
c'était très impressionnant car il y avait l' émission d'un rayonnement d'une
lumière vert jaune avec des effluves et étincelles s'échappant du tube,
l'odeur des acides des batteries de piles ou des accumulateurs se mêlant à celle
de l'ozone produit, la chaleur ambiante, le bruit de l'interrupteur de la bobine
avec ses vibrations et l'éclatement des étincelles, le tout sans bouger
de très nombreuses minutes ! Naturellement ce rayonnement important irradiait
dans toute la pièce. Ces premiers clichés radiologiques étaient difficilement réalisables sur un fauteuil dentaire, encore moins
à structure métallique. Il
fallait ensuite développer la plaque et en effectuer le tirage. En plus des
connaissances médicales, des connaissances de chimie, de physique, d'électricité, de photographie
étaient nécessaires.
Mais les progrès furent extrêmement rapides grâce à l'évolution du
matériel ; en 1905 les temps de pose pour les dents n'étaient plus que de deux
à trois minutes, et passèrent bientôt à quelques secondes. Evidemment les
premiers appareillages de radiologie étaient les mêmes pour toute la
profession médicale et il faudra attendre 1923 pour avoir vraiment des équipements radiologiques spécifiquement dentaires et 1913 pour les premiers
films dentaires commercialisés.
La radiologie dentaire est depuis le début intégrée à la radiologie médicale, et si les pionniers ont
été surtout des médecins et physiciens, il
ne faut pas oublier que quelques rares dentistes, peu de temps après la découverte de W. Röntgen, avaient commencé
à intégrer les rayons X dans
leur exercice professionnel.
Très exceptionnel premier tube focus. Tube à gaz de Crookes pour
rayons X. Modèle de Silvanus P.Thompson . Londres mars 1896.
Anode transformée en anticathode par apposition d'une feuille de
platine à 40°C. La régulation du vide était réalisée en
chauffant directement les parois du tube.
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Tube à gaz de Crookes, type focus pour rayons X. c.1900 Régulation du vide par action chimique de la potasse. Ce tube a
probablement fonctionné sur l'appareillage de 1896 présenté au
début de cet article. |
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Bonnette pliable avec écran au platinocyanure de baryum pour lecture de
radioscopie. |
Lampe à pétrole de
chambre noire de radiologie avec son tube en verre
inactinique. |
Documentation photographique de l'ASPAD
Bibliographie
L'ASPAD tient spécialement à remercier le professeur Guy Pallardy pour
l'importante documentation donnée sur ce sujet à notre association.
L'ASPAD remercie tout particulièrement le docteur Heiner Brinnel,
secrétaire général de l'association Amaranthine (futur musée de la
radiologie) pour la communication du listing de la collection Albert Renaud. La
collection Albert Renaud de radiologie est en effet la plus importante
collection mondiale de radiologie. Preuve, une fois de plus, de l'extraordinaire
patrimoine historique médical français.
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PALLARDY Guy, PALLARDY Marie-Josée WACKENHEIM Auguste
Histoire illustrée
de la radiologie.
Da Costa , Paris 1989 .
Ouvrage incontournable sur l'histoire
de la radiologie. |
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PALLARDY Guy
De très nombreux articles de cet historien de la radiologie
notamment dans le journal de radiologie, dans la revue de l'Histoire des
sciences médicales, etc. |
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RENAUD Albert, BRINNEL Heiner
Présentation et guide, avec inventaire, de La
collection de radiologie Albert Renaud. |
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ROUSSEAU Claude
Les premières utilisations des rayons X en art dentaire.
Actes du congrès IAHD 2000 Paris. www.biusante.parisdescartes.fr/sfhad/iahd/iahd08f.htm |
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DARMEZIN René
Précis de radiographie dentaire
Paris, Vigot 1905 98 pages. |
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GLENNER Richard
80 years of dental radiography
JADA vol 90, march 1975. |
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FOVEAU DE COURMELLES
Electrothérapie dentaire
Maloine , Paris 1904. 292
pages. |
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LONDE A
Traité pratique de radiographie et de radioscopie
Gauthier-Villard. 235 pages. Paris 1898. |
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LOSSAU Norbert
Roentgen, eine Entdeckung verändert unser Leben
VGS. 207
pages. K?n 1995 |
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