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Deux coffrets dentaires par L'er |
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AGRANDIR)
Un collectionneur de l'ASPAD présente deux
coffrets dentaires très différents par le même facteur Georges
Guillaume L'er à Paris.
Georges, Guillaume, Amatus L'er est né en
Allemagne, à Brunswick, le 6 avril 1802. De 1830 à 1837 L'er exerce
comme ouvrier d'élite chez Charrière, grande maison de coutellerie
médicale parisienne. Il s'établit alors à son compte en 1838 au 1
rue Crébillon en se spécialisant dans les instruments
d'ophtalmologie dont la qualité de ses tranchants était réputée.
après être passé au 15 rue Condé il s'installe en 1841 à proximité
de la maison Charrière au 12 rue de l'école de médecine. Rapidement
l'industrie de L'er prend de l'extension et il se retrouve en
concurrence avec son ancien patron. Quelques problèmes de prévalence
de brevets, attisés par une ambiance concurrentielle entre les
différents chirurgiens auxquels ils sont obligatoirement associés,
ne facilitent pas leurs relations professionnelles, notamment en
1847 au sujet des premiers appareils d'anesthésie .
A cette époque la concurrence des grands
couteliers médicaux de Paris et de l'étranger est animée par les
concours des expositions industrielles nationales et universelles :
plus spécialement Paris 1855 et 1867, Londres 1862. Il faut
remporter des médailles et des prix. Pour ces occasions on rivalise
alors par la qualité, l'ingéniosité, l'esthétique pour produire des
Pièces exceptionnelles démontrant son savoir faire professionnel.
c'est l'age d'or de la coutellerie médicale parisienne arrivée à un
summum avec Charrière, L'er, Mathieu, Blanc et Samson par une
production instrumentale parfois stupéfiante de qualité qui force
réellement encore l'admiration.
LE COFFRET DU DR LEFEBVRE
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Il s'agit d'un coffret recouvert de percaline
noire gaufrée du nom de son propriétaire le Dr H.Lefebvre.
L'intérieur d'un seul niveau est garni de chamoisine éosinée. c'est
un coffret d'usage, bien complet de ses dix instruments tous marqués
L'er qui ont beaucoup servi et que l'on peut dater des années 1840.
Ils permettaient de faire un examen grâce à un beau miroir buccal à
manche en maillechort coulé avec sa glace concave à surface
argentique orientable tout en s'aidant de la double sonde de Ricci.
Avec les trois instruments à main en acier et manches ébène on
réalisait des nettoyages et obturations simples. La clef de
Garengeot, manche en shellac, avec ses crochets amovibles,
l'élévateur manche ébène et les trois remarquables daviers acier à
manches guillochés permettaient d'exécuter des extractions. C'était
d'ailleurs probablement la principale fonction de cet ensemble avec
sa solide composition chirurgicale.
LE COFFRET Ā INSTRUMENTS MANCHES EN
AGATE |
Il s'agit d'un très exceptionnel ensemble, chef
d'œuvre de coutellerie, destiné certainement à un concours
d'exposition nationale ou universelle. La qualité des aciers, leur
finition haute coutellerie, le choix des différentes sortes d'agates
pour les manches, l'esthétique raffinée de leur formes agrémentée de
viroles et d'embouts en vermeil gravés en font des instruments
remarquables. En effet il est difficile d'obtenir des pièces
suffisamment importantes pour réaliser de tels manches. De la
famille des quartz, L'er a pu sélectionner de la cornaline, de la
jaspe, de la sardoine, des calcédoines et de l'agate rubanée. Toutes
les instruments sont insculpés L'er et on peut dater cet ensemble
autour de 1850.
Le coffret est en marqueterie de loupe de thuya,
d'ébène, de bois de rose, d'acajou et de filet de laiton avec motif
incrusté en laiton et nacre. A l'intérieur on distingue deux niveaux
d'instruments :
LE PLATEAU SUPĒRIEUR
Le plateau supérieur est occupé par quinze
instruments à main :
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Composition du plateau
supérieur. |
Paire de sonde de Ricci, acier
poli de haute qualité ouvragé en facettes de diamant. |
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Trois fouloirs
manches en sardoine, viroles et embouts en vermeil gravés. |
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Rare ensemble de
rugines pour nettoyage, manches en cornaline claire
exceptionnelle. |
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Deux
porte-cautères, manches en agate jaspée. |
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Deux curettes et un
détartreur emmanchés avec de la jaspe rouge. |
Pilon de poudre obturatrice,
triple facettage diamanté, manche cornaline. |
LE PLATEAU INFĒRIEUR
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Composition du plateau
inférieur/span> |
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Langue de
carpe, manche nacre orné de rinceaux gravés. |
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Magnifique
clef de Garengeot, manche ivoire. |
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Ces deux instruments n'ont pu
recevoir des manches en agate, car le manque d'élasticité du quartz
ne pourrait amortir l'effet de torsion et l'on risquerait une
fracture de l'agate. |
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Exceptionnel porte-foret, porte-fraise. Acier poli haute
coutellerie, remarquable arbre d'entraînement type vis d'Archimède à
douze hélices, tête d'engrenages multiplicateurs orientable, manches
agate sardoine rubanée, viroles vermeil ouvragées. |
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Pélican type tiretoire avec
branche ajustable sur le filetage de l'arbre. Manche en calcédoine. |
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Porte-lime avec manche en calcédoine
chatoyante |
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Remarquable
porte-pierre d'Arkansas à affûter. Support en argent et laiton
argenté, virole en vermeil, manche en calcédoine. |
En conclusion nous sommes en présence de deux
coffrets très différents. Le premier a manifestement été beaucoup
utilisé, quand le second n'a jamais servi en bouche. Ce qui nous
prouve bien que la production des ateliers pouvait être très
variable en fonction de la demande. très rapidement L'er ne se
contenta plus de la seule ophtalmologie et s'intéressa à de nombreux
domaines médicaux dont l'Art dentaire où il obtint un succès
certain. D'ailleurs la maison L'er avec ses successeurs continua à
jouir d'une excellente réputation jusqu'à sa disparition au milieu
du XXème siècle.
DOCUMENTATION PHOTOGRAPHIQUE DE l'ASPAD.
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