l'ASPAD a pu récupérer chez un confrère une rare
édition originale de « L'art du coutelier », 1ère
section, par Jean Jacques Perret, expert en instruments de
chirurgie, maître coutelier à Paris. Cet ensemble de dix neuf
feuilles d'une trentaine de pages imprimées grand format correspond
à la deuxième partie de l'Art du coutelier incluse dans
l'encyclopédie méthodique chez Delatour à Paris en 1772. Elle traite
en « neuf articles « Des instruments des chirurgiens-dentistes »».
Ce document est constitué de sept grandes planches instrumentales et
de vingt deux pages de texte explicatif.
Le plus souvent les planches de « L'art du
coutelier » par Perret ne sont connues que partiellement par
reproduction et le texte explicatif quasiment indisponible : d'où
l'intérêt de présenter cet original complet d'un document majeur de
l'histoire de l'instrumentation dentaire. De plus cet ensemble texte
et planches, reproduit dans cet article, nous permet d'apprécier la
haute qualité éitoriale parisienne de l'époque. Les sept planches
instrumentales, naturellement D'après Perret, ont été
remarquablement gravées sur cuivre par Benard, Houssard et
J.B.Bichard et sont d'une impression de grande maîtrise.
Jean Jacques Perret (1730-1784) natif de Béziers,
fils de coutelier, commença son tour de compagnonnage à douze ans
pour terminer Prévôt des couteliers de Paris. S'étant spécialisé
dans l'instrumentation médicale il travailla avec de nombreux
chirurgiens, en particulier avec Lecat. Il reçut les éloges de
l'Académie royale des sciences en 1769.
Il nous apparaît intéressant par cet original
d'avoir accès aux planches bien complètes de tous les instruments et
aussi de connaître un texte explicatif pertinent. c'est un
descriptif Détaillé d'importantes pièces pour l'Art dentaire dont
certaines sont de vraies nouveautés. Il est destiné aux dentistes
mais aussi aux couteliers avec de nombreux schèmes techniques et
conseils pour les traitements thermiques métallurgiques.
En résumé, voyons ce que ces pages nous
apprennent de spécial :
Descriptif d'instruments « nettoyer » par le
dentiste ou à par soi-même , ainsi que des cautères fouloirs pour
« plomber » les caries, des porte-lime très utilisés à l'époque.
Nous y découvrons les différents modèles de
daviers avec une intéressante description précise de la technique
« des deux branches ajustées à jonction passée »: technique
d'enfourchement toujours en usage au 21ème siècle.
différents Pélicans sont bien Détaillés avec un instrument
orthodontique dérivé, toujours pris à tort pour un Pélican : il
s'agit du « cric de Foucou pour « redresser les dents »». Cette
Pièce fut conçue par Foucou, dentiste et maître coutelier à Paris,
rue de la Huchette. (Le célèbre Dubois Foucou dentiste de Louis XVI,
Napoléon, et Louis XVIII serait-il de la même famille ?)
Elle nous montre des clefs d'extraction
« anglaises devenues « clefs de Garengeot »» suite à une
amélioration du système rotatif d'attache des crochets par ce
dernier. Le frère Côme nous propose des crochets de longueur
ajustable. On retiendra un autre perfectionnement, de Perret
lui-même, qui remplace la vis de tenue du crochet par un système
d'ancrage immédiat à glissière.
On y trouve d'une manière très Détaillée le
davier de M.Charpentier, mécanicien, curieusement aussi graveur de
métier et par ailleurs génial inventeur de la technique de
l'aquatinte. Ce davier fut conçu pour la technique de l'avulsion
verticale. Un peu trop volumineux et compliqué, Perret nous en
décrit une version améliorée avec son « davier levier » plus simple
et plus progressif permettant même de se faire à soi-même une
extraction ! Un curieux porte tampon compressif à ressort pour
traiter les hémorragies, inventé par Foucou le neveu, est aussi dans
cette planche.
Les pages de texte se terminent par une liste des
prix des instruments de Perret. Nous retiendrons pour le « cric de
Foucou » pour redresser les dents 18 livres, pour le « davier à
levier » 12 livres et pour le « davier de Charpentier » 24 livres.
Ce dernier a dû avoir un certain succès car on en retrouve des
exemplaires dans plusieurs collections médicales comme à Londres
(British dental association, Royal college of surgeons, Wellcome
collection) et comme à Paris dans l'ancienne collection Fauchard de
l'EDP à l'APHP.
En conclusion il semblait important pour notre
connaissance historique de l'instrumentation médicale de pouvoir
réexaminer dans sa totalité cette oeuvre importante d'un coutelier
d'exception que nous trouvons bien dans son siècle à travers à l'Art
du coutelier . Elle se veut à la fois technique de fabrication,
catalogue de l'instrumentation en usage avec ses nouveautés, et
promotion d'une production avec liste de prix. Historiquement c'est
tout le reflet de l'évolution du siècle d'or de l'Art dentaire en
préparant la venue des grands de l'instrumentation médicale
parisienne du 19ème siècle.
Documentation photographique
de l'ASPAD.