Réunion du 16 janvier 2026
Académie nationale de médecine, 16, rue Bonaparte, Paris VI, 14h-17h
Métro, stations Saint-Germain-des-Prés et Mabillon – Bus, lignes 39 et 95
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Conférence invitée (une heure)
Laura BOSSI – L’empire du sommeil
Résumé provisoire
Conférence à propos de l’exposition « L’Empire du sommeil », actuellement au musée Marmottan sur la portée symbolique et allégorique du sommeil, son importance dans l’iconographie profane et sacrée, et l’influence que les recherches scientifiques, philosophiques et psychanalytiques liées au sommeil dans le champ de l’art.Cette conférence se focalisera sur la période du XIXe siècle et du XXe siècle, périodes de grandes transformations sur l’imaginaire du sommeil. Le corpus d’œuvres des années 1800 à 1920 sera mis en regard d’œuvres significatives de l’Antiquité, du Moyen Âge, des Temps Modernes et de l’époque contemporaine pour rendre compte de la permanence de certains thèmes clefs : le sommeil de l’innocent, le songe des récits bibliques, l’ambivalence du sommeil entre repos et repos éternel, l’éros du corps endormi, les rêves et cauchemars. L’exposition abordera également le mesmérisme et les troubles du sommeil par le biais d’une iconographie médicale et montrera comment certains artistes s’empareront de ces sujets. Enfin, une section de l’exposition dédiée à la chambre à coucher esquissera les us et coutumes prêtés à cet espace hautement symbolique.
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Communications (20 minutes)
- Jean-François HUTIN – Le « bicéphale » Charles Villandre (1879-1943). chirurgien, peintre, sculpteur et graveur
Au début du XXe siècle, plusieurs médecins décidèrent de se réunir à l’occasion de dîners réguliers dits « des bicéphales », sorte de cercle de médecins « égarés » ayant acquis une petite réputation de musicien, d’artiste ou d’écrivain. À partir de 1909, les peintres, sculpteurs et graveurs commencèrent à exposer leurs œuvres à travers les salons de médecins. Cette communication se propose d’évoquer ces expositions à travers l’un de ces médecins « bicéphale », Charles Hyacinthe Alexandre Villandre (1879-1943), ancien interne des hôpitaux de Paris, chirurgien réputé, spécialisé en neurochirurgie pendant le premier conflit mondial, mais aussi peintre, sculpteur et graveur de talent. - Michel CAIRE, Denis TIBERGHIEN – La psychiatrie à Paris dans l’Île de la Cité
Notre parcours historique dans l’Île de la Cité, sur les lieux où ont été reçues et prises en charge des personnes souffrant de troubles mentaux, et dont les traces couvrent plusieurs siècles, commence sur l’emplacement de l’ancien Hôtel-Dieu (démoli sous le Second Empire), au Pont-au-Change où se situait la salle Saint-Louis réservée aux fous, et sur le Quai de Montebello où s’élevait le bâtiment Saint-Charles et ses salles des folles. Ces salles de traitement intensif, presque uniques en France, ferment en 1802.Au sein du nouvel Hôtel-Dieu, Gilbert Ballet crée en 1904 le « service des délirants », première unité ouverte à l’Assistance Publique pour l’accueil des malades ne relevant pas de la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés. Dans ce même établissement quelques décennies plus tard, Henri Grivois dirige un service d’urgences psychiatriques qui a tenu une place importante et originale dans le dispositif psychiatrique parisien.Sur l’emplacement de cet Hôtel-Dieu reconstruit, existait un bâtiment ayant abrité sous l’Ancien Régime l’hospice des Enfants-trouvés, et dans lequel le Conseil Général des Hospices, ancêtre de l’Assistance Publique, ouvre en 1802 son Bureau Central des Admissions, par où, sauf urgence, tous les malades devaient passer avant leur éventuelle admission dans un hôpital ou un hospice parisien. Et parmi ces malades, ceux qui relevaient d’un service d’aliénés, à Bicêtre pour les hommes, à la Salpêtrière pour les femmes.
Le Bureau Central recevra jusqu’en 1845 pour un examen médical les présumés aliénés arrêtés et conduits au Dépôt de la Préfecture de Police, située elle aussi dans l’Île de la Cité. À partir de cette date, la Préfecture de police dispose d’un médecin spécial qui procède à l’examen des présumés au sein même du Dépôt, dans une Infirmerie séparée de celle des autres malades. Le premier est Ulysse Trélat, par ailleurs médecin aliéniste à la Salpêtrière. Cette infirmerie sera réaménagée et baptisée en 1871 Infirmerie spéciale près la Préfecture de Police. Elle déménage rue Cabanis un siècle plus tard, sous le nom qu’elle porte depuis 1950, Infirmerie psychiatrique près la Préfecture de police.
La dernière époque que nous évoquerons est également la plus ancienne : il a existé sur l’Île de la Cité au Moyen-Âge une église Sainte-Croix-de-la-Cité, située sur l’emplacement de la partie sud de l’actuel Marché aux fleurs, où étaient conservées les reliques de saint Hildevert, invoqué contre la folie. Le culte sera transféré dans l’église Saint-Laurent, faubourg Saint-Martin, après que le voisinage de Sainte-Croix se fut plaint des nuisances occasionnées par les frénétiques.
Les pèlerins parisiens se rendaient aussi jadis à Larchant, près de Nemours, où reposaient les reliques de saint Mathurin, autre saint thaumaturge spécialisé dans les troubles de l’esprit. Au retour de leur neuvaine, un rituel voulait qu’ils jettent dans la Seine l’enseigne qu’ils avaient rapporté de leur pèlerinage. Plusieurs de ces enseignes qui représentent le saint ont été découvertes lors de dragages du petit bras de la Seine sous le Second Empire.
- Michel GERMAIN – James Stephen Ewing (1866-1943), pionnier de l’oncologie moderne
James Ewing est né le 25 décembre 1866 à Pittsburgh, Pennsylvanie. Sa santé influencera sa destinée : à 14 ans, une ostéomyélite du fémur le cloue au lit pendant deux ans d’alitement, suivie d’une claudication permanente, puis d’une névralgie du trijumeau opérée en 1926 par Harvey Cushing. En 1884, il entre à l’Amherst College, élu en 1888 Phi Beta Kappa. En 1891, il est diplômé docteur en médecine de l’Université Columbia. Après une activité d’enseignant, il développe un vif intérét pour la pathologie. En 1899, il est nommé professeur de pathologie clinique de l’Université Cornell. En 1921, il décrit un cancer de l’os au niveau du radius chez une adolescente de 14 ans. Il montre que c’est une tumeur radiosensible. Cette tumeur sera plus tard nommée « sarcome d’Ewing » en son honneur. Fin 1984, les chercheurs dirigés par le Pr Olivier Delattre, Inserm 830, Institut Curie, ont découvert une anomalie génétique pour ce sarcome osseux : la translocation chromosomique t (11 ;22). Elle entraine la fusion des gènes EWSR1 et FL11, créant une protéine chimère. Cette anomalie est désormais le marqueur diagnostique du sarcome d’Ewing. La paléopathologie a permis de découvrir sur des ossements anciens quelques rares cas de tumeurs évoquant fortement le sarcome d’Ewing. En 1901, Ewing publie son premier livre, Clinical Pathology of Blood ; puis, en 1919, Neoplastic Diseases, considéré comme le premier manuel de référence en pathologie tumorale ; enfin, en 1931, Causation, diagnosis and treatment of cancer. À partir de 1902, il est cofondateur du Collis P. Huntington Fund for Cancer Research, de l’American Association for cancer research, dont il est le premier président; puis de l’American Society for the control of cancer; du National Radium Institute, au Memorial Hospital de New York où il développe l’utilisation de la radiothérapie et de la radium-thérapie. Ewing a été un pionnier pour traiter le cancer avec ces techniques. Il a également exploré les possibilités de l’immunothérapie et de la chimiothérapie, posant les bases des traitements multimodaux actuels. Il insistait sur l’importance d’une approche multidisciplinaire pour mieux traiter les patients. Ewing prend sa retraite en 1939. Il se sert d’un microscope pour diagnostiquer son propre cancer de vessie et décède le 16 mai 1943 à 76 ans à New York des suites de cette maladie.En 1951, l’Hôpital James Ewing fut inauguré à New York pour traiter les patients atteints de cancer. Le nom d’Ewing reste attaché au sarcome éponyme et son œuvre a jeté les bases de l’oncologie moderne combinant recherche, diagnostic et traitement du cancer.
- Jean-François HUTIN – Le « bicéphale » Charles Villandre (1879-1943). chirurgien, peintre, sculpteur et graveur
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