ÉDITORIAL « L’historien et les collectifs », par D. Becquemont, J.-P. Bouilloud, D. Ottavi, M.-F. Piguet |
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I. TEXTES |
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Recherches et réflexions |
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Bref panorama historique des débats d’ethnogénèse dans l’anthro-pologie et l’archéologie au Japon (19e–20e siecles) | A. Nanta | 7 |
Figures de l’exil : Darwin et Melville aux Iles Galapagos | D. Becquemont | 28 |
Les mots des sciences de l’homme | ||
Journée d’étude : « De la pratique à l’explicitation des enjeux. Les savoirs et les mots : enjeux d’une enquête sur l’histoire des mots dans l’histoire des sciences de l’homme » | 41 | |
Psychiatrie | A. Fauvel | 43 |
Ergonomie-Ergologie | F. Vatin | 52 |
Psychose | E. Delille | 63 |
Notes de lecture |
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Coup de cœur : Histoire de la psychologie en France, XIXe-XXe siècles, de J. Carroy, A. Ohayon et R. Plas | D. Ottavi | 73 |
Coup de cœur : Cesare Lombroso, de D. Frigessi | J.-C. Coffin | 76 |
L’Univers du Préhistorien : science, foi et politique dans l’œuvre et la vie d’Edouard Desor (1811-1882), de M.-A. Kaeser | N. Pizanias | 78 |
Women and Common Life, Love, Marriage and Feminism, de C. Lasch | D. Ottavi | 81 |
Coup de cœur : Encyclopedia of Disability, de G. Albrecht | J.-C. Coffin | 86 |
Keynes et ses combats, de G. Dostaler | F. Vatin | 87 |
L’État à l’épreuve des sciences sociales. La fonction recherche dans les administrations sous la Ve République, de P. Bezes, J. Chevallier, N. Demontricjher et F. Ocqueteau | F. Vatin | 88 |
L’ammazzabambini. Legge e scienza in un processo di fine Ottocento, de P. Guarnieri | J.-C. Coffin | 90 |
The Post-Revolutionary Self-Politics and Psyche in France, 1750-1850, de J. Golstein | J. Carroy | 92 |
Résumés de HDR |
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Des secrets de l’art au silence éloquent : les stratégies discursives dans les Œuvres d’Ambroise Paré | G. Pineau | 95 |
La fin de l’asile d’aliénés dans le Rhône et l’Isère (1930-1955) | S. Odier | 104 |
La Manche au XVIIIe siècle. La construction d’une frontière franco-anglaise) | R. Morieux | 111 |
Témoins aliénés et « Bastilles modernes ». Une histoire politique, sociale et culturelle des asiles en France. (1800-1914) | A. Fauvel | 120 |
Jeux et curiosités | 125 | |
II. BIBLIOGRAPHIE |
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Publications de membres de la SFHSH | 129 | |
Articles | 131 | |
Ouvrages, ouvrages collectifs, rééditions, classiques et anthologies | 132 | |
Revues spécialisées et numéros spéciaux de revues | 134 | |
III. INFORMATIONS |
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Activités de la SFHSH | 139 | |
Appels à contributions | 141 | |
Colloques récents et à venir | 143 | |
La SFHSH | 151 |
La traduction récente en français, bien après celle en anglais, de l’œuvre de Ludwik Fleck, Genèse et développement d’un fait scientifique, nous interroge sur la pratique de l’histoire des sciences. Bien avant Holton et Kuhn, qu’il va largement inspirer, Fleck insiste sur l’inscription sociale de la pratique scientifique, le « conditionnement social de tout acte cognitif » : un fait scientifique n’est pas découvert par une personne, mais il est la résultante d’un effort continu de nombreux individus. Le travail scientifique est donc historique, contingent, inscrit dans son contexte, la découverte est un « événement social » : dès lors, « toute théorie de la connaissance qui ne pratique pas l’analyse historique comparative n’est qu’un vain jeu de mots, une epistemologia imaginabilis ».
Pour analyser les sciences, Fleck définit ce qu’il appelle des « collectifs de pensée », des « communautés de personnes qui échangent des idées ou qui interagissent intellectuellement ». Pour lui, chacun appartient à plusieurs collectifs, « en tant que chercheur, (…), en tant que membre d’un parti, d’une classe sociale, d’un pays, d’une race, etc., il fait aussi partie d’autres collectifs. » Ces collectifs se superposent, tissent leurs influences, quelquefois s’opposent, car à chaque collectif correspond un « style de pensée » particulier, une manière de penser, un système de valeurs qui s’impose aux membres du collectif, définit les méthodes acceptables comme les résultats considérés comme acquis.
L’historien des sciences, plus qu’un autre peut-être, est amené dans ses recherches à définir les contours de ces multiples collectifs, à en expliciter les « styles ». Pour montrer la nécessité d’aborder l’histoire des sciences par l’analyse des collectifs, Fleck a une métaphore d’actualité en ces temps « mondialistiques » : « Que l’on me permette une comparaison quelque peu triviale : l’individu peut être comparé à un joueur de football pris isolément, le collectif de pensée au travail objectif d’une équipe de football bien entraînée, l’acte cognitif au déroulement du jeu. Est-il possible d’analyser ce déroulement du point de vue de joueurs pris individuellement ? Le doit-on même ? Tout le sens du jeu serait alors perdu !» L’historien lui-même, ou le sociologue des sciences, comme tout chercheur, appartient à différents collectifs : nos lecteurs par exemple participent de celui de la SFHSH. Est-ce à dire qu’il y a un « style de pensée » propre à la SFHSH ? Ce sera aux historiens du futur de le dire.
Daniel BECQUEMONT
Jean-Philippe BOUILLOUD
Dominique OTTAVI
Marie-France PIGUET