Retracé au fil des lettres latines, le périple de ce colis est exemplaire des aléas auxquels les transports internationaux privés étaient sujets à l’époque de Guy Patin.

• En juillet-août 1664, Guy Patin avait demandé à Heinrich Meibomius de lui acheter divers opuscules médicaux qu’il avait repérés sur le catalogue du libraire Henning Müller d’Helmstedt (v. note [2], lettre latine 311), en prévoyant leur expédition maritime via Hambourg, par l’entremise de Louis Héron, marchand français en cette ville.

• La guerre navale entre les Hollandais et les Anglais couvait alors, pour éclater en mars 1665 et rendre peu sûrs, voire impossibles, les voyages en mer du Nord et en Manche. En avril, faute de navires pouvant se rendre à Rouen, il fallut reporter l’envoi et opter pour la voie terrestre, passant par Francfort, Genève et Lyon, avec les intermédiaires successifs de Sebastian Scheffer, du libraire genevois Johann Hermann Widerholdt et de Charles Spon (v. notes [1], lettre latine 348, et [5], lettre latine 373), ce qui retardait beaucoup la réception du colis à Paris.

• Aux opuscules d’Helmstedt, Sebastian Scheffer avait ajouté, à Francfort, la réédition du Schenckius (Francfort, Johann Beyer, 1665, v. notes [2], lettre latine 354, et [1], lettre latine 355), et avait fait rouler toutes les feuilles à l’intérieur d’un tonneau (v. note [3], lettre latine 379).

• Widerholdt reçut le tonneau à Genève et l’expédia à Paris, en passant par Lyon (v. note [9], lettre latine 381) ; mais son intermédiaire lyonnais, le libraire François Comba (v. note [1], lettre latine 390), ne s’empressa pas de le faire partir pour Paris, et Patin dut lui faire tirer l’oreille par Spon (v. note [5], lettre latine 387).

• Enfin, Patin accusait ici bonne réception des livres, près de 18 mois après leur départ d’Helmstedt.