Note [4]
La sentence du procès engagé par Guislain Mabille figure dans l’Arrêt de la Cour du Parlement sur 1o la juridiction du chapitre de Saint-Quentin, et 2o les prébendes préceptoriales du collège de la ville dudit Saint-Quentin, rendu à Paris le 6 février 1652. Louis-Paul Colliette l’a transcrit dans ses Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, civile et militaire de la province de Vermandois (Cambrai, Samuel Berthoud, 1772, in‑4o, tome troisième, pages 436‑441).
« L’écolâtre François Dorigny {a} proposa à ses confrères chanoines de Saint-Quentin, assemblés en chapitre, le 24 septembre 1631, de recevoir des jésuites dans le collège de la ville et de le leur céder. La compagnie donna dans le moment son consentement à la proposition, mais le magistrat municipal s’opposa, le 10 octobre suivant, à l’exécution de cette délibération. L’une des principales raisons qu’il fit valoir dans son mémoire présenté au roi, dont il réclama la protection, fut la suspicion qu’il avait conçue contre la fidélité de ces Pères, qui, liés avec leurs confrères de Cambrai et de la Flandre, étaient plus en état, par cela même, qu’aucun autre ennemi de livrer la ville à l’étranger. Le roi reçut favorablement l’opposition du magistrat et lui fit faire réponse, dès le 20 du même mois, portant que les jésuites n’entreprendraient point de s’immiscer dans la ville et le collège sans le consentement des habitants, dont Sa Majesté ne souffrirait jamais que les privilèges fussent en rien altérés. Depuis cette époque, ni les jésuites ni leurs fauteurs {b} n’ont plus travaillé pour s’établir dans une ville qui avait si mal reçu leurs premières demandes. Heureux dès lors ces Pères d’avoir épargné à leurs descendants la honte de la proscription qui attendait ceux-ci cent trente et un ans après ! » {c}
- Écolâtre (scholaster en latin) : « chanoine qui jouit d’une prébende en quelques cathédrales, qui l’oblige d’enseigner la philosophie et les lettres humaines à ses confrères, et d’en tenir école. Le [troisième] concile de Latran, tenu sous Alexandre iii [en 1179], ordonna que les évêques auraient un précepteur à leurs gages pour enseigner tant la philosophie que la théologie. Depuis on a annexé des prébendes à cette fonction et on a appelé écolâtre celui qui enseigne la philosophie et théologal, celui qui enseigne la théologie » (Furetière).
Ce chanoine saint-quentinois dénommé Dorigny était probablement différent du Dorigni, « professeur émérite âgé », qui avait bénéficié à deux reprises de la générosité de l’Université (en date des 7 juillet et 31 août 1652).
- Défenseurs.
- Expulsion des jésuites de France en 1763.
La présence de l’hôtel de ville de Saint-Quentin parmi les défenseurs de Mabille pouvait laisser subodorer une réminiscence de sa prévention contre les jésuites.
"Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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