Note [13]
« Il ne manque pas de gens qui se font comme un art d’avilir les arts, en pensant qu’ainsi ils n’accomplissent pas ce que je recommande, mais font ambitieux étalage de cogitations et d’un savoir qui leur sont propres. Le dessein et l’œuvre de l’intelligence sont à mes yeux de trouver quelque chose qui n’a pas encore été découvert et qu’il vaut mieux savoir qu’ignorer, ou de parachever ce qui ne l’a pas été. Au contraire, le recours spécieux à des mots malhonnêtes pour montrer qu’il faut réfuter ce que d’autres ont découvert, sans rien y corriger et en calomniant les savants aux yeux des ignorants, c’est trahir ouvertement sa propre nature et montrer son ignorance de l’art, mais tel n’est pas le dessein et l’œuvre de l’intelligence. Cela ne se voit que chez ceux qui, sans bien connaître le métier, mettent toute leur malice à s’efforcer sans relâche de calomnier ce qui est juste et de blâmer ce qui est faux. »
Sebastianus Alethophilus avait transcrit la totalité de ce passage hippocratique en grec dans sa lettre de soutien à Jean Pecquet : v. sa note [41], pour la traduction qu’Émile Littré en a donnée. Le latin de Jean ii Riolan (ou plus exactement de Hieronymus Mercurialis, v. infra note [15]) n’en diffère que par la syntaxe ; je n’en ai trouvé que ce faible écho dans l’Anthropographia (Paris, 1649), à la 5e page l’Antiqua Præfatio [Ancienne Préface], enfoui au sein d’une référence à Galien à propos des anciens auteurs (Administrations anatomiques, livre ii, chapitre i) :
Mihi verò cum Hippocrate inuenire aliquid eorum ; quæ nondum inuenta sunt, quod ipsum notum quàm occultum esse præstat, scientiæ votum ac opus esse videtur : similiter inchoata ad finem perducere et absoluere[Il me semble vraiment, comme à Hippocrate, qu’il est utile de découvrir quelque chose qu’ils n’avaient pas encore trouvé, et qui s’avère plus utile à savoir qu’à ignorer, et que tel est le vœu de la science ; il en va de même quand on complète et achève ce qu’ils n’avaient qu’entrepris].
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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